Les faits sont répréhensibles. Indignes d’un être censé incarner ou transmettre les enseignements du coran à de petits apprenants. L’affaire aux relents d’esclavagisme mettant en cause un maître coranique qui enchaîne ses élèves, avec la bénédiction des parents d’élèves, à Ndiagne dans la région de Louga, est à condamner avec énergie.
L’apprentissage ou l'enseignement du coran ne sauraient en aucun cas justifier ces pratiques d'un autre âge que l’humanité pensait avoir dépassées. Ces chaînes sont le symbole d'une époque difficile que l’Afrique s’évertue à panser. Il est donc inadmissible de traiter un individu de la sorte, dans un monde de droits et de libertés. A fortiori des tout-petits, vulnérables et sans défense. Et c’est d’autant plus révoltant lorsque l’intéressé et ses pairs assument leurs actes et justifient la pratique, qui selon eux, serait courante dans le milieu des daaras établis en campagne. La preuve que l'Etat qui cherche à retirer les enfants de la rue, dans les grandes villes, a du pain sur la planche d'autant que les démons à traquer ne sont pas ces marmots en loques, pieds nus et têtes crasseuses, victimes d’un business lucratif sur leur dos, mais ces adultes qui les envoient dans la rue et les font travailler.
Dire que les efforts de l'Etat ne seront jamais suffisants pour contenir ce fléau complexe du fait des réticences d'une partie du "clergé" musulman sénégalais qui exerce une pression et assimile toute intervention dans ce secteur, à une croisade contre l'islam. Un amalgame volontaire, sciemment entretenu par les mêmes qui font prospérer leur business lucratif sur le dos des enfants talibés.
Comment passer sous silence la responsabilité de ces parents qui mettent au monde des gosses dont ils ne savent que faire, si ce n'est de les livrer à des maîtres coraniques qui à leur tour les expédient dans les rues, faute de pouvoir les prendre en charge. Ici, c'est plutôt l'autorité de l'Etat qui est mise à rude épreuve, compte tenu des pressions multiples dont la justice ferait l’objet de la part d’autorités religieuses pour faire passer sous silence ce qu'il est convenu d'appeler «la barbarie de Ndiagne».
L'intransigeance des autorités judiciaires, devant de tels manquements, est à encourager. Enchaîner des enfants pour prévenir des fugues revient à s'interroger sur ce qui pousse ces derniers à fuir les daaras. D'ailleurs, les enchaîner, au nom du coran ? Non! De la barbarie humaine, sans doute.
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