La Panapress et l’APS agonisent donc, en recherche permanente d’une hypothétique perfusion par acharnement thérapeutique à même de leur permettre de survivre. Les employés de la Panapress cumulent… 40 mois d’arriérés de salaire. La subvention de l’Etat sénégalais à l’APS, sa seule source de revenus à part quelques maigres rentrées publicitaires, permet à peine de couvrir ses charges salariales.
L’APS ne peut donc rien investir dans le renouvellement de son outil de travail, peine à réparer ses véhicules de reportage lorsqu’ils tombent en panne, et ne peut même pas acheter le carburant pour permettre auxdits véhicules de rouler.
La grève renouvelable de 96h de l’APS, énième du genre, a quelque chance de rencontrer un écho favorable auprès de l’Etat, en cette période où le gouvernement s’apprête à allouer aux organes de la presse d’Etat des subventions conjoncturelles pour couvrir l’élection présidentielle.
La Panapress, quant à elle, a longtemps vécu des largesses du Guide la Jamahiriya lybienne, Mouammar Kadhafi, qui lui octroyait de généreux subsides.
Que nous dit la lente agonie de ces deux agences de presse, qui se survivent toujours à elles-mêmes quand on pense que tout est perdu ? Que le modèle d’agence de presse, tel qu’il continue de prévaloir en Afrique, doit être repensé de manière structurelle. Il faut faire un choix définitif entre statut public, avec prise en charge entière par la puissance étatique. Ou permettre à ces agences de presse d’aller vers un statut privé qui leur donnera les moyens de leurs ambitions.
On sera surpris de le savoir : ni l’AFP française, ni l’Associated Press américaine ne sont publiques. L’AFP a un statut d’entreprise privée agissant selon des règles commerciales, et ce sont les éditeurs de presse qui siègent à son conseil d’administration. Il est vrai que l’AFP vit principalement des abonnements de l’Etat, qui lui assurent 40% de son chiffre d’affaires. Ce chiffre d’affaires de l’AFP a été de 300 millions d’euros en 2017. Et pas seulement en produisant des dépêches écrites.
Et c’est là l’autre challenge que la PANAPRESS et l’APS se doivent de relever. En commercialisant aussi des photos, des vidéos et des infographies ou des articles de fact-checking. Il faut aussi faire payer les reprises de contenus dans la presse en ligne et sur les réseaux sociaux, à l’heure où chaque individu de la planète muni d’un smartphone est devenu un média à lui tout seul. C’est ainsi que l’AFP a gagné un procès contre Google qui reprenait ses dépêches. Les diffusions gratuites (pour le consommateur) de dépêches sur Internet doivent aussi être facturées plus cher par les agences de presse, car elles constituent un manque à gagner pour la presse écrite.
La MAP, agence de presse marocaine, vient de lancer en juillet 2018 un magazine mensuel papier, qui lui rapporte également de la publicité. Les pistes de solutions sont donc multiples, mais nécessitent une révolution des process de travail et un changement mental de paradigme.
Devant le dilemme du choix étatique clairement assumé dans sa partie financière ou la migration vers un statut privé et commercial, nos états africains doivent trancher. L’Agence de presse ivoirienne est bien couverte par son Etat, mais elle ne laisse pas son fil d’informations ouvert à la consultation par tous les internautes , ce qui en ferait un site d’informations comme les autres. Sur ce terrain-là, l’APS ne peut pas battre Seneweb et les trois cent autres sites d’information sénégalais qui pullulent sur la Toile. Surtout dans un pays, le Sénégal, où les utilisateurs média des dépêches de l’APS ne paye pas celle-ci, au motif que la subvention de l’Etat rémunère déjà l’APS pour eux.
Il existe des agences de presse privées qui prospèrent pourtant au Sénégal, comme APANEWS qui y a son siège. La disparition programmée n’est donc pas une fatalité pour l’APS ou la PANAPRESS. Mais elles doivent résolument repenser leur business model et leur offre de produits et services.
Ayant été directeur de la stratégie et du développement de l’Agence de presse sénégalaise, l’auteur de ces lignes est naturellement sensible au sort de ces médias. Il faut que la grève actuelle de l’APS soit l’occasion d’un vaste aggiornamento sur ses missions et sur son core business. Sinon, la présidentielle apportera son lot de subventions qui seront une bouffée d’oxygène temporaire. Et après l’élection présidentielle, la manne épuisée et le filet du robinet coulant à nouveau doucement, l’APS replongera dans le marasme qui est le sien depuis plus d’une décennie.
Ousseynou Nar GUÈYE
Directeur de publication de Tract.sn
Secrétaire national à la Communication, aux questions éducatives et à la Coopération africaine de S.U.D
5 Commentaires
Anonyme
En Septembre, 2018 (08:09 AM)Anonyme
En Septembre, 2018 (11:08 AM)Anonyme
En Septembre, 2018 (12:19 PM)Anonyme
En Septembre, 2018 (13:21 PM)vousn n avez ni la rigueur ni la conscience professionnelle
contentez vous de transmettre les dèpèches des blancs c est moins cher et plus facile
mieux pour vous
Anonyme
En Septembre, 2018 (13:21 PM)vousn n avez ni la rigueur ni la conscience professionnelle
contentez vous de transmettre les dèpèches des blancs c est moins cher et plus facile
mieux pour vous
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