James C. Vechery, Général de corps d’armée américain, en charge des opérations militaires à l’Etat-major du Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Africom), basé à A Stuttgart (Allemagne), a accordé une interview à une délégation médiatique venue du Sénégal et de la Guinée Bissau. L’officier supérieur est revenu en détail sur leurs activités en Afrique. Il s’agit, entre autres, de contrer les crises régionale, promouvoir la sécurité dans la sous-région, protéger les citoyens et les installations américains et se déployer pour répondre aux crises où qu’elles puissent avoir lieu.
Mon général, c'est quoi Africom ?
Africom, c’est le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique. C’est une structure du département de la défense des Usa. Elle a été créée en 2007. Mais c’est en 2008 qu’elle est devenue opérationnelle. Là, on célèbre le 10e anniversaire de cette structure. Nos objectifs principaux, notre mission en Afrique, c’est surtout d’aider le partenaire africain à développer des capacités. L’objectif final, c’est de créer un environnement sûr et stable pour la prospérité du continent. Nous travaillons avec nos partenaires, mais sommes aussi responsables et avons l’obligation de protéger nos personnels et nos installations et les citoyens américains sur le continent.
Peut-on avoir une idée du nombre de pays partenaires d’Africom ?
Les partenariats sont très importants pour nous. Nous avons des relations partenariales avec 53 pays africains. Et nous avons aussi des partenaires internationaux. Je peux citer par exemple l’Espagne, l’Allemagne, le Royaume Uni et beaucoup d’autres pays. Nous essayons de travailler avec ces partenaires internationaux pour aider nos partenaires africains. Je veux aussi parler des partenaires organisationnels comme les Nations Unies, l’Union africaine et ceux au sein du gouvernement américain, comme le département d’Etat et l’Usaid.
Est-ce qu’il y a des conditions, un cahier de charge qui encadre justement ce partenariat ?
Nous entendons à travers ces partenariats, assurer la sécurité et la stabilité et créer un environnement propice à la prospérité pour nos peuples. L’objectif final de ces partenariats, c’est d’aider les partenaires à avoir leur propre capacité. Nous donnons l’exemple de notre partenariat avec le Sénégal. Concernant la réponse à Ebola, le fait que nous avions une relation tellement robuste et forte entre nos deux pays nous a facilité notre contribution dans la lutte contre cette épidémie. Je travaillais à Africom avant. J’étais le chef de la direction des logistiques. Et cette relation nous a permis d’aller facilement au secours des pays de la sous-région.
Est-ce que ce sont les seuls objectifs ou bien y en a-t-il d’autres. Et justement quelles sont les missions de Africom ?
Nous avons des objectifs spécifiques comme le plan de déroulement de campagne par exemple. Ce plan comprend 5 entités qu’on appelle des ‘’lignes d’efforts’’. Nous en avons cinq présentement sur lesquels nous insistons. La première ligne est en Afrique de l’Est et porte sur les menaces des organisations extrémistes violentes. La deuxième concerne l’Afrique du nord et le Sahel. La troisième vise le Golfe de Guinée et les défis dans la région. La troisième se concentre sur le bassin du Lac Tchad, la quatrième dans le Golfe de Guinée et en Afrique centrale. Et la cinquième est sur tout le continent avec une assistance humanitaire et des secours pour les désastres naturels et les opérations de maintien de la paix. Mais on continue à adapter ce plan de campagne du théâtre basé sur ce qui se passe sur le champ. C’est un plan dynamique. Il nous faut continuer à le revoir pour pouvoir répondre aux besoins de nos partenaires et être en mesure de faire face à la situation.
Mon général, le G5 passe à l’offensive. De ce point de vue est-ce qu’on peut imaginer ou envisager un lien entre G5 et Africom pour venir à bout des terroristes ?
C’est une bonne question pour nous. Le G5 Sahel est une force africaine menée par les Africains. Cela est très important pour nous. Bien sûr, il y a des appuis français et américain. Notre pays a contribué à hauteur de 60 millions de dollars pour la formation de cette force. Nous allons continuer à travailler avec les 5 pays qui composent cette force. Nous allons les aider à développer leur capacité et à leur parler pour voir comment on peut les aider dans le futur. Et comme vous savez, le président Macron a eu une réunion avec ses homologues des pays contributeurs de cette force. Ils travaillent pour toujours avoir des moyens pour que cette force soit effective. Les Usa vont continuer à soutenir cette force.
Aujourd’hui, est-ce qu’on peut dire que les terroristes sont fragilisés ? Est-ce que la menace est toujours présente ?
Si on lit les journaux quotidiennement, on se rend compte que les menaces persistent. Mais laissez-moi vous parler d’un concept qui fait partie de notre stratégie d’ensemble : ‘‘A travers, avec et en coordination”. Vous pouvez bien vous demander ce que cela veut dire. Mais dans l’entendement d’Africom, cela signifie que ce sont les opérations de combat sur le terrain qui sont conduites par les forces armées africaines elles-mêmes, que ce soit les Nigérians contre Boko Haram ou l’armée somalienne contre les Shebabs. On dit ‘‘avec’’, grâce à une coopération d’Africom pour les besoins opérationnels du pays hôte : formation, équipement, conseils. ‘‘A travers’’ signifie qu’on achève la stratégie de notre but final de manière concertée. La ‘’coordination’’, c’est la relation de coopération qui consiste à apporter notre stratégie de capacitation pour aider le partenaire à relever un défi qui lui est particulier. La finalité, ce n’est pas le commandement, mais la paix, la prospérité et la sécurité en Afrique. Nous le faisons de plusieurs manières. Notre commandement de combat s’occupe de la chose militaire. Mais nous savons tous que l’instrument martial n’est qu’un instrument de pouvoir parmi tant d’autres. Et donc nous travaillons avec le département d’Etat et l’Usaid pour promouvoir l’approche 3 D : défense, diplomatie et développement. Nous voulons être sûrs d’utiliser, à bon escient, les outils à notre disposition pour promouvoir le développement en Afrique. C’est notre objectif.
Pouvez-vous nous donner un exemple ?
J’en veux pour exemple votre pays le Sénégal. J’ai été le chef de la logistique, précédemment, de 2014 à 2016. Je suis arrivé alors que l’épidémie d’Ebola sévissait dans la sous-région ouest-africaine. J’étais débordé comme vous pouvez l’imaginer, car j’avais beaucoup de matériels à faire acheminer sur le contient. Le Sénégal, un de nos partenaires, a été utilisé comme base pour acheminer des provisions et réserves pour le pays qui en avaient besoin. C’est justement ces relations solides qui nous permettent d’arriver et de pouvoir juguler un problème dès qu’une crise éclate. Pour le cadre juridique, nous obéissons à la loi sur les conflits.
Quels sont les effectifs dont vous disposez pour mener ces actions à bien ?
Nous avons cinq à sept mille Américains privés, civils et militaires. Et nous sommes très heureux d’avoir toutes les composantes navales (Navaf), terrestres (Usaraf), aériennes (Afaf) et les Marines (Maraf) pour le commandement unifié de l’Afrique. Trois de ces composantes sont partagées avec le commandement pour l’Europe. Chacune de nos composantes a des types d’exercices pour le continent, car plusieurs forces de plusieurs pays partenaires sont invitées. Nous avons aussi un commandement subordonné pour les opérations spéciales. Depuis que je suis là, nous avons fait des progrès avec nos partenaires africains, les choses sont dans une dynamique positive.
Pourquoi le choix de Stuttgart pour abriter le commandement unifié d’Africom ?
C’est une question qui revient tout le temps. Si l’on considère l’histoire de notre naissance (Africom), nous faisions partie de l’Eucom (le commandement pour l’Europe). C’est le président Bush qui a décidé, en 2007, que nous devrions créer un pour l’Afrique. Ce qui était assez fondé, pour pouvoir rester proche. La majorité des commandements américains ont leur siège aux Usa. On est à l’avant en Europe, car le décalage horaire n’est pas tellement conséquent entre les deux continents et comme je l’ai dit, les deux commandements partagent plusieurs composantes. Il est également question d’une solution non martiale dans votre approche : la réintégration sociale.
Nous voulons sortir les gens du terrorisme et les rendre à la société. C’est un programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration (Ddr). Mais, l’idée derrière, c’est de créer un environnement pour les combattants comme quoi il n’y a aucun espoir dans le sentier sur lequel ils se sont engagés et qu’il y a plein d’espoir s’ils décident de revenir dans la société. Il y a un leader des Shebabs en Somalie surnommé ‘’Moktar le Robot’’, qui a décidé de changer de camp. Il s’est rendu au gouvernement fédéral somalien. Le 14 octobre, il y a eu une explosion qui a tué 500 personnes et le lendemain, il a été photographié en train de donner de son sang pour secourir les blessés. Ce qui ne serait jamais arrivé s’il avait continué de combattre le gouvernement. Ça, c’est un exemple pour montrer comment sortir les gens des champs de bataille et d’en faire des agents utiles à la société.
Avec quel budget arrivez-vous à mener toutes ces actions ?
Le budget n’est probablement pas élevé. Nous faisons avec ce que nous avons. Avec Africom, nous sommes très créatifs. Comme vous pouvez l’imaginer, nous devons couvrir le globe avec des ressources limitées. Donc, nous devons être capables de faire le maximum avec le budget qu’on nous donne. Quant aux perspectives, je préfère voir le verre à moitié plein. Les choses sont sur la bonne voie, dans une dynamique positive. J’ai vu la photo, dans une rencontre que je dirigeais, d’un enfant souriant qui tenait un livre les yeux tournés vers le futur. C’est tout le sens de notre action en Afrique : Apporter paix, sécurité et prospérité. Il était question d’un ‘‘Downsiding’’ en 2008, d’une diminution des installations sur le continent.
(...) Nous avons deux camps opérationnels dont le Camp Lemonnier à Djibouti. On a d’autres installations appelées Csl, comme à Dakar. On en avait douze dans le continent, mais ils sont présentement réduits à dix. Nous avons des emplacements de contingence réduits de 32 l’an dernier à 20 cette année. Si on en revient aux partenariats, c’est très intéressant d’avoir des camps avancés comme ce fut le cas au Sénégal avec Ebola. Si nous devons nous déplacer et opérer dans un pays qui n’en dispose pas, nous en construisons. C’est pourquoi ça change de temps en temps, chaque année.
2008-2018, 10 ans de fonctionnement d’Africom. Cela se fête. Aujourd’hui quel bilan tirez-vous ?
Cette question, je peux vous la poser vous-même. Vous êtes sur le champ. Vous vivez en Afrique. C’est à moi de vous demander comment vous voyez ces partenariats ?
Youssoupha MINE (Envoyé spécial à Stuttgart)
9 Commentaires
Anonyme
En Décembre, 2017 (18:11 PM)Anonyme
En Décembre, 2017 (18:11 PM)Anonyme
En Décembre, 2017 (19:28 PM)En Afrique c'et un moyen de s'installer pour s'accaparer des ressoures monopolisées pour l'essentiel par le France.
dans la cas du Sénégal, c'est l'occasion de s'installer durablement pour profiter au maximum du petrole
Anonyme
En Décembre, 2017 (19:51 PM)Anonyme
En Décembre, 2017 (21:45 PM)Anonyme
En Décembre, 2017 (21:52 PM)Anonyme
En Décembre, 2017 (22:57 PM)ils prétendent assurés notre sécuritè alos qu'ils ne peuvent pas gerer les leurs. C vraiment affreux.
Anonyme
En Décembre, 2017 (23:22 PM)Anonyme
En Décembre, 2017 (23:52 PM)Participer à la Discussion