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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Economie

Après le Sénégal et la Côte d’Ivoire, le Togo révise son PIB

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Une vue de Lomé, en 2014. Photo d'illustration
Avec la réévaluation, le produit intérieur brut togolais bondit de plus de 36 %, ce qui accroît les capacités d’endettement du pays.

Après le Sénégal en 2018 et la Côte d’Ivoire en mars, c’est au tour du Togo de réévaluer son produit intérieur brut (PIB). Annoncée le 22 septembre, cette réévaluation découle de la modification par l’Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques (Inseed) de l’année de base utilisée pour le calcul des comptes nationaux : la nouvelle année de base est 2008 alors que les précédents calculs du système des comptes nationaux reposaient sur l’année 1993.

« Cette réévaluation permet au Togo de mieux rendre compte de la réalité de son économie, en intégrant dans l’estimation de la richesse des secteurs qui n’existaient pas ou étaient insuffisamment pris en compte, notamment les activités informelles, l’économie bleue, les services financiers assurés par les opérateurs de téléphonie», précise à Jeune Afrique un membre du comité technique en charge du processus comptable.

Résultat : le PIB du pays fait un bond de 36,5 %. Ce saut est supérieur à la moyenne des pays de la région qui ont déjà réévalué leur PIB (Burkina: 13 %, Sénégal : 30 %, Niger: 30 %) mais inférieur au résultat de la locomotive de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), la Côte d’Ivoire, dont le PIB a augmenté de 38 %.

Le plan de développement en révision

Concrètement, avec le nouveau système, le PIB togolais de 2016 passe à 3 574,4 milliards de francs CFA (environ 5,4 milliards d’euros), contre 2 618,1 milliards de F CFA avec l’ancienne année de base. Pour l’année 2017, le PIB réel est de 3 729,8 milliards de F CFA (environ 5,6 milliards d’euros), correspondant à un taux de croissance de 4,3 % sur un an. Et, pour cette année, l’estimation du nouveau PIB s’élève à 4 399,9 milliards de F CFA (soit 6,7 milliards d’euros), bien supérieure au chiffre de 3 322,3 milliards de F CFA obtenu avant la révision.

Cette mise à jour des modes de calcul des comptes nationaux intervient alors que les autorités togolaises sont en train de revoir le Plan national de développement (PND), qui avait fixé des objectifs pour la période 2018-2022 mais dont le déploiement est perturbé par les conséquences de la pandémie de coronavirus.

« Le rebasage améliore l’évaluation que les partenaires et les investisseurs font de l’économie togolaise», a indiqué à JA le ministre des Finances, Sani Yaya. « Cette réévaluation est une avancée supplémentaire dans l’amélioration de la gouvernance économique amorcée depuis quelques années, permettant le reprofilage de la dette du pays et le respect du programme avec le Fonds monétaire international (FMI) », a-t-il ajouté. Le processus ouvre notamment une possibilité pour Lomé de bénéficier du « Compact with Africa », initiative lancée par l’Allemagne en 2017 pour encourager les échanges commerciaux avec le continent et les investissements allemands en Afrique.

Plus d’investissements publics


Autre aspect positif de ce rebasage, et non des moindres, le déficit budgétaire, qui s’élevait à 68,6 %, enregistre une baisse drastique de 27 points. « Le taux d’endettement est désormais de 51,8 %. Concrètement, l’État retrouve des marges de manœuvre pour plus d’investissements publics, via le recours aux emprunts, afin de mener des actions notamment dans les secteurs à fort impact social », a indiqué le membre du comité technique sollicité.

                                                                                                       "RAMENER LE TAUX DE PRESSION FISCALE À UN SEUIL ACCEPTABLE" 

« Le rebasage redonne effectivement une capacité d’endettement avec un taux autour de 51 %, largement inférieur à la norme communautaire de 70 % », commente, sous couvert d’anonymat, un économiste installé à Lomé. « Néanmoins, il demeure un défi de taille, commun à nombre de pays de la zone, à savoir l’amélioration de la taxation de l’économie. Car, avec la réforme, le taux de pression fiscale chute mécaniquement de 21,1 % à 14,6 %. Il va falloir ramener ce taux à un seuil acceptable », insiste notre interlocuteur, rappelant que la norme régionale se situe autour de 20 %.


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