Une petite escale africaine, ça vous dit ? Alors venez vous perdre dans les rues de Dakar et de Paris avec un rappeur qui aime les grands écarts, mélangeant reggae, soul et hip-hop avec joie et intelligence. Venez découvrir le rap conscient et L'Analyse d'Abass Abass !
Quelques grammes de conscience et de non-violence dans un monde de brutes. C'est un peu ce que tente d'apporter Abass Abass avec son rap intelligent et bigarré. S'il n'est pas encore des plus connus sur notre hexagone, c'est parce que ce phénomène-là a fait ses premières armes dans le pays où il est né : le Sénégal. Et ce n'est rien de dire qu'il était prédestiné à l'écriture ! Ce jeune homme-là n'est autre que le fils du grand écrivain sénégalais Aminata Sow Fall. Mais lui préfère la littérature plus imagée, plus moderne et c'est dés les années 90 que l'on peut entendre son rap dans toutes les rues de Dakar. Après un passage en groupe, au sein du duo Double A, au milieu des années 90, Abass Abass se lance vit en solo. Et c'est son titre L'envahisseur qui, en 1999, portera le beau succès de la compile sénégalaise Dkill-Rap.
Les thèmes d'Abass Abass sont universels : l'importance des valeurs, la critique sociale face à des autorités étouffantes, l'importance de regarder devant soi plutôt qu'en arrière. Son flow lourd, entre le slam d'Abd Al Malik, le reggae-world d'un Tiken Jah Fakoly et le rap ultra conscient d'un Kery James, Abass Abass sait puiser dans tous les domaines musicaux pour offrir plus de richesses à son hip-hop. Premier album, Zibizizaba, en 2001, produit par Didier Awadi, le pionnier du rap sénégalais. Puis Abass Abass décide de partir pour la France, histoire de tenter d'imposer son rap d'un genre nouveau. Combatif, il monte son propre label, qui porte bien son nom, Débrouille urbaine et sort dessus, en 2005, son 2nd album, Président de la rue Publik. 2008, cette fois sous a houlette de Jean-Pierre Seck, ancien producteur du 45 Scientific, 3ème album, X Commandements. L'exilé, immigré de choix Abass Abass, devient alors le porte-parole des déracinés et, surtout, des sans papiers. Sa nouvelle devise fait mouche : « on fait pas ce qui marche, on fait marcher ce qu'on fait ». Sénégalais et africain francophones résidant en France se reconnaissent dans les paroles du rappeur. Et c'est toujours avec la même plus aiguisée que sort son 4ème opus, L'analyse, en 2009 et toujours en auto-prod.
Son 1er single, Génération, est symptomatique des 17 autres titres présents sur cet album. Bien plus instrumental que le 3 précédents, L'Analyse déborde de musicalité. Mais si l'on trouve plus de soul sur Génération, c'est le reggae qui sonne sur J'dois l'allonger et des purs beats rap, accompagnés d'un trompette lancinante, sur Neuf neuf. Son Analyse, en deux parties, rappelle la poésie et le sens aigu de l'observation d'un certain Oxmo Puccino. Son rap utile est non-violent dénonce sans jamais abuser des généralités, sans jamais tomber dans le vulgaire ni le hardcore trop facile. Et ça fait du bien !
Abass Abass feat. Shade -Génération
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