La venue d’Omar Pene à Paris le 6 juin à l’Elysée Montmartre, permet de donner un coup de projecteur sur un artiste majeur de la musique africaine et de tenter de comprendre pourquoi il est peu reconnu hors Afrique.
Même si humainement Omar dit ne pas souffrir de la fréquente comparaison avec Youssou N’Dour, sa carrière en France et à l’internationale s’est faite dans l’ombre du plus connu des musiciens sénégalais. Y a-t-il une raison objective à cette différence de notoriété ? Youssou a eu la chance de rencontrer Peter Gabriel au bon moment et de bénéficier aussi des offres artistiques de Jacques Higelin à la même époque. Son talent relationnel et la qualité de sa production musicale ont aussi largement contribué à la différence de reconnaissance.
Il n’y a pas de réelles comparaisons à faire sur le plan artistique, si ce n’est sur les textes. La différence de personnalité entre Omar et Youssou se retrouve dans le choix des thèmes et des mots. De par son histoire et ses origines, Omar est et restera engagé prenant fait et cause pour de nombreuses causes sociales et humanitaires sénégalaises et africaines. Avec pour conséquence un public de fans qui s’attache au chanteur de générations en générations. Ses concerts et ses apparitions attirent des 15 à 60 ans, et des étudiants aux chômeurs en passant par des actifs de 40 ans. Difficile, dans ses conditions, de développer une carrière plus « commerciale » surtout à l’international, tant Omar reste sur le terrain quand Youssou visite les cinq continents ou gère ses affaires.
Youssou vit son époque par tous les bouts et profite de sa notoriété pour sortir de son répertoire de prédilection et réaliser des voyages musicaux divers. Son sens du business lui a permis de créer sur un « empire » musical au Sénégal. Il est incontournable artistiquement et économiquement. Même s’il a su garder un public fidèle auquel un autre plus world est venu s’ajouter, il a atteint un sommet populaire à l’international avec son duo avec Neneh Cherry. Depuis, les sénégalais sont plus perplexes quant aux directions prises. Ce qui n’empêche pas Youssou de remplir Bercy pour ses bals quasi annuels.
Jusque là pas de quoi fouetter un chat pour ce qui concerne une éventuelle rivalité ! Les deux chanteurs ne jouent pas la même partition. Si le bas doit blesser, ce sera plus sur une question de personnalité, d’autant que les deux en sont particulièrement pourvus ! On aimerait pourtant que les deux plus grands chanteurs sénégalais aient plus souvent l’occasion de créer ensemble et de se retrouver sur une même scène. Le bonheur serait total.
Mais ne boudons pas notre plaisir, la Salle Pleyel pour l’un, l’Elysée Montmartre pour l’autre, le Sénégal est à l’honneur grâce à eux et ça c’est le plus important.
Magic pour la Newsletter de La Centrale
Note : Thierry NOSSIN fut à l'origine des premiers concerts des 2 artistes en France en 1982 et 1983, en dirigeant artistiquement le Phil'One
0 Commentaires
Participer à la Discussion