La Sentinelle : Rappelez- nous votre parcours ?
Oumou Sow : A l’âge de 8 ans déjà, j’accompagnais mon père lors de ses tournées en Gambie et autres pays. Mon oncle ayant été le premier danseur de Baba Maal, je l’imitais beaucoup aussi. Et c’est cela, qui m’a le plus inspirée. Je suis passée dans des ballets, des groupes de danse, chorégraphique et classique. Après cela, j’ai dansé dans le premier clip de Papa Ndiaye Guewel, ensuite je suis allée au « diapason » de Thione Seck, qui m’a alors révélée au grand public et au plan international. J’ai dansé par la suite, pour Salam Diallo, qui m’a présentée à son tour Bouba Ndour. Ce qui fut à l’origine de mon intégration au groupe Djolof Band. J’ai fait « Oscar des vacances » avec les « inconnus de Fass » et ensuite, j’ai créé les « Amazones ».
LS : Vous êtes la première femme à avoir crée un groupe de danse au Sénégal ?
O.S : Oui.
LS : C’était en quelle année ?
O.S : C’était en 2004. Juste après avoir quitté les « inconnus de Fass ».
L.S : qu’est ce que cela vous fait de voir quelques temps, après une floraison de groupes de danse ?
O.S : C’est un grand plaisir, une réussite. Cela signifie que j’ai réussi dans ma mission. Je suis arrivée à faire accepter la danse au public, ce qui n’était pas évident. Je rends grâce à Dieu. Trois groupes de danse sont sortis, aujourd’hui des flancs des « amazones » et c’est un grand plaisir.
LS : Mais, pourquoi quitter les « Amazones » et aller créer son groupe ? N’est –ce pas un échec quelque part ?
O.S : Non, je ne crois pas. Elles ont cru, à en moment, qu’elles pouvaient voler de leurs propres ailes, qu’elles pouvaient partir toutes seules et elles l’ont fait. Je me suis dit qu’elles voulaient quelque chose de bien, comme moi et se sont libérées. Toutes, nous cherchons à nous en sortir pour satisfaire nos parents. C’est ça, je crois.
LS : Elles te font la concurrence pourtant ?
O.S : Non, ce n’est pas de la concurrence. Elles veulent réussir dans la vie et sont parties créer leur propre groupe de danse. Et puis les musiciens sont devenus plus nombreux et les clips se multiplient. Il faut alors plusieurs danseuses.
LS : Quels sont vos rapports avec ces groupes de danse, « Les Gazelles » plus précisément ?
O.S : Jusque là, tout va bien. Elles m’invitent à toutes leurs cérémonies ou leurs grands spectacles.
LS : Ne faites –vous pas semblant d’être des amies quand vous êtes en public ? Qu’en est –il en dehors des spectacles ?
O.S : C’est ça la réalité. Pour ce qui me concerne, je suis en paix avec tout le monde. Mais, franchement en dehors des spectacles, je n’ai pas assez de temps pour me consacrer à autre chose. Je suis prise par mon commerce et ma musique.
LS : Comment se portent vos relations avec Ndèye Gueye ?
O.S : On s’appelle souvent au téléphone. Chacune évolue de son côté. Il n’y a rien de grave, nos relations sont au beau fixe.
LS : Et Aïda « dada » ?
O.S : Notre différend appartient au passé. Ça fait plus d’un an maintenant. La paix est revenue et tout va bien entre nous aujourd’hui. Si je suis de passage aux Hlm, je passe la voir, sinon on s’appelle aussi au téléphone. Moi, désormais, je me réfère à Ndongo Lô, tout simplement. Je prends tout à la légère. Je ne me complique plus la vie. Je fais mon travail, je pratique ma religion et je limite mes déplacements. Comme cela, j’aurai la conscience tranquille et rien ne pourra plus me perturber. Je cherche à évoluer dans mes projets.
LS : Etes –vous satisfaite avec la danse ?
O.S : Très satisfaite. Je voyage beaucoup. Je connais désormais beaucoup de pays et je gagne des trophées et de prix dans de grands festivals mondiaux. J’ai fait la fierté de mon pays à l’extérieur à plusieurs reprises
LS : Pourquoi vous êtes – vous jetée alors, dans la chanson ?
O.S : Pour avancer, évoluer. C’est pour monter de grade. Et puis, l’agneau aspire à devenir un mouton. Je me suis dit que je ne devais pas être là, à suivre les musiciens. Je pouvais faire comme eux et je me suis lancée dans la musique. Je me suis investie aussi dans le commerce, parce que je sais que je prends de l’âge et que je ne vais pas danser toute ma vie. Je fais du « tassu », rap, « mbalax » que j’adapte au rythme de ma danse.
LS : Combien d’albums avez-vous produits ?
O.S : J’en serai à mon deuxième album le 13 mars prochain, jour anniversaire de mon groupe de danse.
LS : Quel bilan en faîtes - vous ?
O.S : Positif. Les fans apprécient ce que je fais. Ils achètent très bien mes cassettes. Le nombre d’exemplaires tirés sur « moto bi » est épuisé et partout dans le monde on m’invite à des spectacles, je voyage beaucoup. Avec « Fly to Fly » aussi c’est pareil. Même pas un mois après sa sortie, on m’invite aux Etats – Unis, parce qu’ils disent que le son est pertinent. Surtout, que j’ai beaucoup progressé dans cet album. A l’écouter, vous saurez que j’ai travaillé la voix, pour ceux qui disent que la voix était aigue. Il y a beaucoup de changement.
LS : Vous avez tenu alors aux critiques, portant surtout sur la voix ?
O.S : Oui. Tout début est difficile, mais il faut tenir compte de ces critiques pour satisfaire son public. Je travaille beaucoup cela.
LS : Ta musique marche alors sur le plan international ?
O.S : Oui le single cartonne très bien. Ils (Ndlr : les fans de l’extérieur) apprécient.
LS : C’est quoi « Fly to Fly » ?
O.S : Je veux évoluer. Etape par étape. Décollage veut dire aller de l’avant. Je veux aller de l’avant.
LS : Après avoir chanté « moto bi », vous avez acheté une voiture. Est –ce à dire que vous voulez achetez un avion ?
O.S : (Rires). Je n’ai pas les moyens pour cela. C’était une coïncidence. J’ai juste eu l’inspiration avant tout le monde. Que tout le monde y entre pour voyager. Dieu m’a donné le courage et l’intelligence de mettre en place cette conception et les gens ont jugé. C’est rendre encore grâce à Dieu et remercier les fans.
LS : Vous vivez le piratage ?
O.S : Je ne peux pas dire qu’on ne me pirate pas, vu la façon dont je mène la promotion de l’album. Je roule dans une camionnette sonorisée tout en vendant mes cassettes. Seulement, je demande au Bsda d’aider encore plus les artistes à propos du piratage.
LS : Comment gérez- vous vos filles ?
O.S : Ce sont des filles très engagées, qui me respectent beaucoup et qui croient en ce qu’elles font. Pour la plupart d’entre –elles, on a grandi ensemble. Elles m’aiment, comme je suis. On a les mêmes aspirations, les mêmes objectifs et croyons au même but. Je leur fais confiance. C’est la raison d’ailleurs pour laquelle, je n’augmente, ni ne diminue leur nombre. Je suis bien avec elles. Elles me défendent partout où elles sont.
LS : Vous ne vous attendez – plus alors à une déception de leur part ?
O.S : Non avec celles –là, je suis tranquille. Elles savent que je tiens en elles et que je pouvais tout de suite arrêter de danser, mais je veux d’abord leur donner un coup de pouce. Je veux les aider d’abord et après si elles veulent, elles partiront.
LS : Comment arrivez –vous à allier le commerce, la danse et la chanson ?
O.S : C’est très difficile mais je me débrouille bien et je m’en sors. J’ai ouvert une boutique de « prêt à porter » et les fans viennent y acheter. Je m’organise parce que j’ai des charges. Je sais ce que je veux et j’y mets tous les efforts qu’il faut. Je refuse de quémander demain.
LS : A quand la retraite pour la danse ?
O.S : Ça c’est pour bientôt inch Allah. Il faut que je cède le flambeau aux plus jeunes et que j’évolue dans d’autres choses. Je ne veux pas être ingrate et c’est ce que chaque enseignant souhaite, en fait. Laisser la place un jour à ses disciples. Je souhaite que chaque fille ayant fait ses classes chez « les Amazones » réussisse dans la vie.
LS : Et si on reparlait de vos relations avec Karim Wade ?
O.S : Non. Je ne peux pas. Je suis désolée mais je ne veux pas en parler.
LS : Pourquoi ? Vous étiez inséparables pourtant ?
O.S : Il évolue dans son domaine et moi dans le mien. Il faisait appel à moi lors de ses manifestations comme les meetings et campagnes, j’y allais et c’est tout. C’est notre leader, notre homme et c’est tout.
LS : Vous vous êtes remariée ?
O.S : Non pas encore. Je suis célibataire.
LS : Qu’est ce que vous attendez ?
O.S : Le jour et l’heure. (Rires.) Je blague. J’attends de trouver l’homme qu’il faut. J’ai déjà connu un échec avec le mariage donc il me faut faire très attention avant de me relancer dans un nouveau mariage. J’observe les qualités. Et quand je serai convaincue, je m’engagerai.
LS : Comment appréciez –vous la polygamie ?
O.S : C’est une bonne chose.
LS : Ah bon ! pourriez- vous vous en sortir au cas où… ?
O.S : Bien sûr que oui. J’ai mes « salagne salagne ».
LS : Vous avez des « fèms » ?
O.S : Oui, comme toutes les femmes sénégalaises. Je garde néanmoins mes astuces.
LS : Votre dernier mot ?
O.S : La paix et la réussite pour tout le pays et que chaque fan des « amazones » ou de Oumou Sow vienne à l’anniversaire
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