Trois journalistes birmans ont été arrêtés et emprisonnés ce mercredi 10 octobre suite à la publication lundi d'un article critique à l'égard d'un proche de la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi.
L'article mettait en cause le manque de transparence et des plans d'investissements controversés du chef de l'administration de Rangoun, Phyo Min Thein, considéré comme un protégé de la cheffe du gouvernement birman. Les auteurs de l'article pointent notamment un manque de transparence dans l'achat d'une flotte de bus à Pékin.
Kyaw Zaw Lin, Nayi Min et Phyo Wai Win ont été conduits sous escorte policière, menottés, devant un tribunal de Rangoun devant lequel les attendaient de nombreux journalistes, dont l'AFP. « Ils ont tous les trois été emmenés à la prison d'Insein après l'ouverture d'une affaire contre eux en vertu de l'article 505b », a déclaré leur avocat, Kyee Myint. Ils sont accusés d'avoir fait « circuler une rumeur dans le but d'alarmer le public ».
Les journalistes du groupe de presse Eleven Media risquent deux ans de prison. Reporters sans frontières s'inquiète de la détérioration constante de la liberté de la presse en Birmanie et appelle à libération immédiate et inconditionnelle des journalistes.
La liberté de la presse à nouveau entachée
Ces arrestations interviennent dans un contexte de « réduction de l'espace démocratique » en Birmanie, comme l'a relevé cette semaine la rapporteuse spéciale de l'ONU Yanghee Lee.
Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières10/10/2018 - par Jelena TomicÉcouter
Pour Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières, ces arrestations sont « très inquiétantes concernant la situation de la liberté de la presse en Birmanie » et montrent que « l'indépendance des médias est de plus en plus piétinée » dans le pays. « L'accusation qui vise ces trois journalistes est absolument inique, ne repose sur absolument rien sinon qu'ils ont fait leur travail. C'est pourquoi nous appelons à leur libération immédiate et absolument inconditionnelle », a-t-il réagi sur RFI.
Des journalistes de Reuters toujours derrière les barreaux
Deux reporters birmans de Reuters accusés d'« atteinte au secret d'Etat » pour avoir enquêté sur un massacre de musulmans rohingyas par l'armée en Birmanie ont été condamnés début septembre à sept ans de prison. Un procès qui a entaché un peu plus l'image de la prix Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi.
Ces nouvelles arrestations ont suscité une grande émotion parmi les journalistes birmans. « Il ne s'agit pas seulement d'Eleven Media ou de Reuters. Toute l'industrie des médias est menacée », a réagi Hlaing Thit Zin Wai, du Comité de protection des journalistes. La prochaine audience est prévue le 17 octobre.
(Avec AFP)
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Anonyme
En Octobre, 2018 (21:48 PM)Participer à la Discussion