La France a annoncé mercredi la mise en place de “cellules de soutien éthique” dans les hôpitaux pour être en mesure d’aider les médecins à prendre des “décisions difficiles” en cas de saturation des services face à l’afflux de patients infectés par le coronavirus et placés en réanimation.
Selon le dernier bilan établi mardi soir, le nombre de cas confirmés de contamination par le nouveau coronavirus a encore progressé ces dernières 24 heures en France, qui recense désormais 7.730 cas - dont 699 cas graves en réanimation - et 175 morts.
Avec l’Ile-de-France, le Grand Est est l’une des régions les plus touchées et ses capacités en réanimation sont saturées par endroits, une situation critique qui a conduit Emmanuel Macron à annoncer lundi soir la mobilisation de l’armée pour transférer des patients vers d’autres hôpitaux français où la tension est moindre.
Cette situation a alimenté les spéculations sur la mise en place d’une “sélection” ou du moins une “priorisation” de l’accès aux soins, un scénario auquel les médecins en Italie - le pays d’Europe le plus touché par l’épidémie - ont été confrontés ces derniers jours.
Tout en réfutant le terme de “sélection”, le ministre de la Santé Olivier Véran a reconnu mercredi que la question pourrait un moment donné se poser dans certains cas et a confirmé avoir demandé la création “dans chaque hôpital amené à prendre en charge des malades graves de coronavirus” d’une cellule de conseil consultatif local d’éthique “pour aider et accompagner à la prise de décision des professionnels de santé”.
“Depuis le début nous nous préparons, nous anticipons, c’est aussi ce type de décision, ce type de situation qu’il nous faut anticiper et préparer”, a-t-il souligné sur LCI.
QUELQUE 2.000 LITS EN REANIMATION DISPONIBLES
Un avis partagé par le professeur Jean-François Delfraissy, président du Comité national d’éthique, dont le rapport commandé par le gouvernement a recommandé la mise en place des ces comités de soutien éthique dans les hôpitaux.
“C’est malheureusement peut-être une chose qui sera envisagée”, a-t-il déclaré sur RTl. “On sait que dans ces circonstances extrêmement difficiles, il faut qu’il y ait un regard extérieur sur le sujet.”
Concrètement, tous les patients continueront d’être “soignés et sauvés” et on “ne laissera personne à l’extérieur d’un hôpital”, a insisté de son côté Olivier Véran, mais “la question c’est jusqu’où vont les soins qui sont accordés à des malades dont l’état est critique”.
“Dans une période classique, si vous avez quelqu’un qui a 95 ans, qui a des troubles respiratoires graves, dont on sait que le risque de mortalité est immense, on peut être tenté de se poser la question et d’interroger la famille : ‘est-ce qu’on se donne 24, 48h de plus? Est-ce qu’on le transfère en réanimation pour donner un peu de temps aux proches?”, a-t-il expliqué.
“En période d’épidémie quand vous avez une très forte tension dans les services de réanimation, c’est une question que vous ne pouvez parfois plus vous poser”, a-t-il ajouté, mais “ce n’est pas du tout une sélection”.
A l’heure actuelle, sur les 6.000 lits de réanimation que compte la France, près de 4.000 sont occupés et 2.000 sont libres et sont donc en mesure d’accueillir des malades qui pourraient y être transférés notamment du Grand Est pour faire “baisser la pression” et retarder de fait la prise de “décision difficile”.
Marine Pennetier, édité par Henri-Pierre André
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