Les capitales se mobilisent. Plusieurs pays, dont les États-Unis et la France, s'apprêtent, mardi 28 janvier, à lancer l'évacuation de leurs ressortissants de Wuhan, épicentre d'une épidémie de pneumonie virale dont le bilan dépasse désormais 100 morts en Chine et qui a contaminé plus de 4 500 personnes.
Wuhan, métropole du centre du pays où est apparu en décembre le nouveau coronavirus, puis la quasi-totalité de la province du Hubei sont coupées du monde depuis jeudi par les autorités dans l'espoir d'endiguer l'épidémie. Quelque 56 millions d'habitants sont concernés.
Paris prépare son évacuation
Alors que ce confinement a pris au piège des milliers d'étrangers dans la région, plusieurs pays comme les États-Unis, la France, le Japon ou le Maroc préparent l'évacuation de leurs ressortissants.
Un vol pour évacuer le personnel du consulat des États-Unis à Wuhan partira mercredi matin, heure chinoise, à destination de la Californie, a annoncé le département d'État américain. Sur ce vol, initialement prévu mardi, des sièges seront proposés à d'autres ressortissants américains "en fonction des places disponibles".
La France a annoncé mardi qu'un premier rapatriement de Français aurait lieu mercredi. "Un premier vol de rapatriement (...) partira demain (mercredi) de Paris pour revenir probablement jeudi, le 30, avec des personnes qui (...) ne présentent pas de symptôme", a déclaré Jean-Baptiste Djebbari, le secrétaire d'Etat aux Transports, en ajoutant qu'un "second vol, dont les dates sont à déterminer", rapatriera ensuite les "personnes possiblement porteuses du virus".
Environ 500 Français sont inscrits sur la liste consulaire locale, mais leur nombre total pourrait être de l'ordre du millier, Wuhan accueillant, outre des usines de Renault et PSA, de nombreux étudiants français. Les personnes rapatriées seront soumises à une période de quarantaine.
Le Japon prépare de son côté sa propre opération : le ministre japonais des Affaires étrangères a annoncé l'envoi d'un avion mardi à Wuhan pour évacuer environ 200 de ses ressortissants. D'autres pays comme l'Allemagne ou la Thaïlande ont dit réfléchir eux aussi à des évacuations.
Deux cas en Europe
La ville de Pékin a fait état lundi de son premier décès, un homme de 50 ans revenu de Wuhan.
Une
cinquantaine d'autres malades ont été répertoriés dans le reste du
monde, et une douzaine de pays ont été atteints par le virus, de l'Asie
et l'Australie à l'Europe et à l'Amérique du Nord.
Un premier cas de contamination a été confirmé lundi en Allemagne, qui devient le deuxième pays touché en Europe après la France. De nombreux pays ont renforcé les mesures de précaution à leurs frontières, la Mongolie devenant le premier à fermer les points de passage routiers avec la Chine.
Dans le même temps, les personnes originaires du Hubei ont été interdites de séjour en Malaisie. Si plusieurs déconseillaient déjà de se rendre dans le Hubei, l'Allemagne a franchi un cap lundi en déconseillant carrément de se rendre en Chine. Washington lui a peu après emboîté le pas.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui juge la menace "élevée" sans toutefois déclencher une alerte sanitaire internationale, a indiqué lundi qu'elle ne savait pas encore si les personnes infectées étaient contagieuses avant de présenter les symptômes de la maladie, comme l'affirment certains responsables sanitaires chinois.
La menace de propagation est d'autant plus grande que le maire de Wuhan a déclaré dimanche que 5 millions de personnes avaient quitté cette métropole de 11 millions d'habitants avant le Nouvel an chinois, tombé cette année le 25 janvier.
Virus renforcé
Les autorités chinoises ont décidé de prolonger de trois jours, jusqu'au 2 février, les longs congés du Nouvel an (sept jours fériés), afin de retarder les retours massifs vers les villes de centaines de millions de travailleurs migrants et réduire les risques d'extension de l'épidémie.
De même, le début du semestre de printemps dans les écoles, collèges, lycées et universités a été reporté, a indiqué mardi le ministère de l'Éducation, sans avancer de date pour la reprise des cours.
"La capacité de propagation du virus s'est renforcée", ont déclaré dimanche de hauts responsables sanitaires chinois, même s'il ne s'avère pas "aussi puissant que le Sras", un précédent coronavirus qui avait fait des centaines de morts au début des années 2000.
La crise fait craindre une fragilisation supplémentaire de l'économie chinoise, voire mondiale, entraînant lundi un décrochage des Bourses au Japon, en Europe et à Wall Street. Tokyo a terminé mardi dans le rouge : l'indice Nikkei a perdu 0,55 % et le Topix a cédé 0,60 %.
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