Chaque mois aux États-Unis, un nouveau débat réunit les candidats aux primaires démocrates. Et il semble qu'à chaque fois, un nouveau profil attire les projecteurs. Mercredi 20—novembre à Atlanta, c'est Pete Buttigieg qui a suscité l'intérêt des médias américains mais aussi les piques de ses concurrents. Il faut dire que le maire de la petite ville de South Bend, dans l'Indiana, est passé en tête des sondages dans deux des premiers États à voter—: l'Iowa et le New Hampshire.
La stratégie de ce vétéran de 37—ans—: convaincre les électeurs modérés, plutôt acquis au favori Joe Biden, qu'il peut être une alternative plus jeune et dynamique que l'ex-vice président de Barack Obama, de 40—ans son aîné. Pour cela, rien de plus efficace que de parler du futur—: "En matière de sécurité, nous n'avons pas de stratégie digne du XXIe—siècle venant de ce président [Donald Trump, NDLR]. Après tout, il s'appuie sur des mécanismes de défense du XVIIe—siècle, comme construire un mur. En tant que président, je me concentrerai sur les menaces du futur."
La carte de la jeunesse et de la modernité l'a cependant exposé aux critiques de ses concurrents, selon qui il n'aurait pas l'expérience nécessaire pour être président des États-Unis. "Moi j'ai rassemblé les gens toute ma carrière, a assuré Joe Biden, plutôt performant mercredi soir malgré des débuts difficiles. Il nous faut unifier ce pays. Je l'ai déjà fait. J'ai passé plus de temps dans la Situation Room (la salle de crise de la Maison Blanche) et à l'étranger que quiconque ici. Je connais tous les dirigeants étrangers."I’m not only running to defeat Donald Trump, I’m running to launch the era that must come next. I’m inviting progressives, moderates, and future former Republicans to join us in building that era—an era characterized by belonging, not by exclusion. #DemDebate pic.twitter.com/vYeP1nkWbg
— Pete Buttigieg (@PeteButtigieg) November 21, 2019
Manque d'expérience
Pas de quoi décourager le jeune édile. Son manque d'"expérience traditionnelle de l'establishment de Washington" est plutôt un avantage, a-t-il argué, se disant capable de battre Donald Trump. "Nous avons besoin de quelqu'un qui puisse lui faire face, quelqu'un qui vienne vraiment des communautés qu'il cherche à séduire", a affirmé Pete Buttigieg, rappelant ses origines du Midwest. "Moi je ne rabâche pas que j'aide la classe des travailleurs tout en sillonnant les golfs à mon nom en hélicoptère." "D'ailleurs, je ne joue même pas au golf", a-t-il ajouté à demi amusé, glissant qu'il était "la personne la moins riche sur la scène" de ce débat.
Pete Buttigieg s'en est aussi pris une autre favorite de ces primaires—: Elizabeth Warren. Cette fois, il s'agissait de se démarquer sur le programme, notamment la santé. Alors que la sénatrice du Massachusetts, très à gauche, propose une assurance santé publique universelle, le candidat centriste souhaite que les Américains conservent le choix de garder leur assurance privée s'ils le désirent. C'est cette stratégie qui "permettra d'unifier le peuple américain", a-t-il martelé.
Convaincre les Afro-Américains
Certes, la montée en puissance de Pete Buttigieg est intéressante mais elle ne préjuge en rien du résultat final. Il pâtit notamment d'une très faible cote de popularité auprès des Afro-Américains, cruciaux pour son parti. En Caroline du Sud, où cet électorat est très important, il remporte ainsi moins de 1 % du vote des Noirs. Or Joe Biden, qui reste jusqu'ici le grand favori, est loin devant dans cet État-clé. "Le prochain président, a lancé ce dernier, devra aller dans des États comme la Georgie et la Caroline du Sud pour obtenir une majorité au Sénat. Et c'est ce que je ferai."
Conscient de ses faiblesses à ce sujet, Pete Buttigieg a joué la carte de l'humilité. "J'accepte le défi d'aller à la rencontre des électeurs noirs des États-Unis qui ne me connaissent pas encore", a-t-il plaidé.
Il a ensuite expliqué comment sa foi chrétienne le poussait à "se rendre utile auprès des exclus et des marginalisés". Avant de mettre en parallèle sa propre expérience de la marginalisation en tant qu'homosexuel. "Bien que je n'aie jamais été discriminé en raison de ma couleur de peau, j'ai expérimenté le fait de parfois me sentir comme un étranger dans mon propre pays", a-t-il confié, évoquant un passé pas si lointain où le mariage homosexuel était interdit. Le fait de pouvoir être sur scène "une alliance à la main" lui a donc fait réaliser "combien je me dois d'aider ceux dont les droits sont menacés chaque jour, même s'ils ne vivent pas la même expérience que moi".
Les prochains sondages montreront s'il a réussi à convaincre ou si sa popularité actuelle est juste une phase de plus dans ces primaires qui démarreront début février.
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