+++ Envoyé spécial : Cheikh Tidiane Ndiaye +++
Tel-Aviv, 2 juin (APS) – N’eût été le sérieux de l’objectif qui est à la fois d’ordre sanitaire et religieux, l’opération effectuée ces dernières années en Israël aurait surpris voire fait sourire plus d’un Sénégalais. En effet, en l’espace de six ans, soit entre 1990 et 1996, des médecins israéliens ont procédé à une circoncision de masse qui a concerné 80.000 personnes dont l’âge varie entre six ans et …90 ans.
Pour un Sénégalais prompts à se gausser de tout individu resté ’’paaxe mbar’’ (non circoncis) jusqu’à l’âge de l’adolescence, il est inouï de voir un ’’njouli’’ ayant l’âge de grand-père. Et pourtant, c’est ce qui s’est passé en Israël, grâce à l’équipe réunie autour du Dr Innon Schenker, directeur du projet SIDA de Jérusalem (JAIP).
Tout est parti, selon le chirurgien, de l’arrivée massive en Israël de prés de trois millions de Juifs en provenance de la Russie. Une fois accueillis dans ce qu’ils considèrent comme leur ‘’patrie définitive’’, les nouveaux arrivants heureux de pratiquer dans la liberté la plus totale la religion de leurs ancêtres manifestent le désir d’en respecter tous les préceptes dont la circoncision, raconte le Dr Innon Schenker qui s’entretenait avec une équipe de journalistes sénégalais invités en Israël par le ministère des Affaires étrangères.
La demande était d’autant plus pressante, ajoute le chirurgien, qu’en dehors d’être en conformité avec la religion révélée par le Prophète Moise —une recommandation que doit également respecter tout bon musulman—, confirmation venait d’être faite à travers plusieurs études que la circoncision réduit de ‘’50 à 60 pour cent la transmission hétérosexuelle du HIV aux adultes circoncis’’.
L’organisation mondiale de la santé (OMS) s’est engouffrée dans la brèche de même que les scientifiques du monde entier qui réunis à Montreux en 2007 réaffirment ‘’l’évidence’’ de la circoncision comme mode de prévention contre le sida, révèle une note de JAIP.
Cela toutefois ne veut pas dire que la circoncision n’empêche pas de se passer des moyens de prévention comme les préservatifs et l’abstinence, avertit le Dr Innon Schenker qui raconte qu’il a fallu d’une part mobiliser à une vaste échelle les chirurgiens et, d’autre part, mettre en place une technique rapide et sûre pour faire face de manière adéquate à la ‘’demande inhabituelle’’ de personnes voulant se faire circoncire.
’’Il faut le reconnaître, c’était inédit’’, souligne le chirurgien non sans préciser que les opérations étaient pratiquées sur la base de demandes volontaires auxquelles lui et son équipe, appuyés par le gouvernement israélien, se faisaient le devoir de satisfaire.
Ce faisant, les médecins se sont lancés à fond dans ce nouveau défi et grâce à une technique basée sur la ’’suture en continu’’ sont parvenus à couper des milliers de prépuces. ’’Pour chaque circoncis cela prenait sept à dix minutes, puis la guérison intervenait au bout de 15 jours’’, raconte le Dr Innon Schenker.
Depuis 1996, la forte sollicitation a baissé mais les circoncisions continuent de plus belle en Israël où avec la bénédiction de la religion la lutte contre le sida s’intensifie. Avec des porteurs du virus au nombre officiel de 5000 porteurs (il y aurait en plus 2000 non connus) sur une population de 5,5 millions d’habitants, la côte d’alerte n’est certes pas atteinte, mais à en croire le Dr Innon Schenker il n’est pas question de baisser la garde.
Cette attitude est plus que jamais de mise si l’on sait qu’en Israël où on continue d’accueillir des Juifs en provenance des quatre coins du monde ainsi que des émigrants à la recherche d’emplois, il est établi que le sida se rencontre beaucoup chez certains travailleurs étrangers comme ceux venus de l’Europe de l’Est et d’Ethiopie. De même que chez les drogués.
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