Michael Brown. Eric Garner. Tamir Rice. Trois victimes noires tuées par trois policiers blancs. Ces affaires médiatiques ont provoqué des manifestations, parfois violentes, dans des dizaines de villes américaines. Partout, le même cri de ralliement: la police peut tuer en toute impunité, surtout si le suspect est afro-américain. Mais selon les experts, une telle conclusion est impossible vu le manque de fiabilité des chiffres sur lesquels elles s'appuient.
Plus de 1.000 morts par an
Le premier problème: personne ne sait exactement combien de personnes sont tuées chaque année par la police américaine. La seule source est le registre des «homicides justifiables» compilé par le FBI. Soit, en 2013, 461 décès, et une moyenne de 420 depuis 2009. Mais selon une enquête du Wall Street Journal, «des centaines» d'homicides de la police n'ont pas été comptabilisés. Faire remonter les chiffres est en effet un acte volontaire. Sur un total de 18.000 bureaux de police, seuls 750 l'ont fait chaque année au cours de cette période. Manquent notamment les morts des Etats de New York, de Floride ou de l'Illinois.
Des universitaires et des ONG ont entrepris de compiler à la main tous les morts. Selon le site FiveThirtyEight, spécialisé dans les statistiques, plusieurs études sérieuses arrivent à un chiffre supérieur à 1.000 victimes par an.
Plus de victimes noires mais...
Selon une analyse de ProPublica, un adolescent (entre 15 et 19 ans) noir a 21 fois plus de risques d'être tué par la police qu'un ado blanc. Deux facteurs expliquent cette disparité. Dans tout le pays, en 2010, plus de la moitié des 11.000 victimes d'homicide par arme à feu étaient noirs, principalement à cause des gangs et du trafic de drogue. De l'autre côté, sur 700.000 policiers, environ deux-tiers sont blancs. Conclusion, la probabilité qu'un officier blanc fasse usage de la force létale sur une scène de crime où le suspect est noir est plus élevée.
Reste les victimes tuées alors qu'elles n'étaient pas armées.
Selon le chercheur David Klinger, autant sont abattues par un policier blanc que par un policier noir. La justification est presque toujours la même: l'officier «craignait pour sa vie», et un jury populaire doit s'en remettre à des témoignages souvent contradictoires pour trancher, presque toujours en faveur du policier. Hillary Clinton, probable candidate à la présidence de 2016, a déjà appelé à une réforme du système judiciaire pour «en finir avec les préjugés raciaux» du système pénal américain.
3 Commentaires
Eurydice-caractacusa
En Décembre, 2014 (05:53 AM)http://youtu.be/T7MAO7McNK
Qu'en termes clairs et fermes ces choses-là sont, et doivent être dites!
Df
En Décembre, 2014 (08:31 AM)Anar
En Décembre, 2014 (09:51 AM)Participer à la Discussion