Téhéran a également lancé un ultimatum aux Européens, leur donnant deux mois pour sortir réellement les secteurs pétrolier et bancaire iraniens de leur isolement provoqué par les sanctions américaines, faute de quoi l'Iran renoncera à d'autres engagements de l'accord de 2015. Que peuvent faire les Européens ?
La cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini a fait savoir qu’elle avait effectivement reçu la lettre que Téhéran lui a envoyée pour demander de sortir le secteur bancaire et le secteur pétrolier iraniens de l’impasse sous soixante jours. Elle doit donc maintenant en priorité accorder ses violons avec les trois pays européens signataires des accords de 2015 sur le nucléaire iranien: France, Allemagne et Royaume-Uni.
Les trois membres européens du groupe 5+1 des signataires restants vont devoir être inventifs, s’ils veulent convaincre l’Iran de revenir dans le plein respect de l’accord et s’ils veulent trouver un moyen de relancer les relations financières et le commerce des hydrocarbures. Et pour y parvenir il leur faudra d’abord parler à l’unisson.
Il y a un consensus des trois pays européens signataires de l’accord de Vienne sur un point : il faut qu’il survive. « Rien ne serait pire que de voir l’Iran quitter l’accord sur le nucléaire », selon le gouvernement français ; l’Allemagne appelle l’Iran à mettre l’accord en œuvre dans sa totalité ; le Royaume-Uni abonde, qualifie l’accord de crucial et dénonce une décision malencontreuse de l’Iran qui doit « respecter ses engagements ».
Les trois pays européens viennent, rappelons-le, de signer samedi un communiqué commun assez musclé pour dénoncer le renouvellement des sanctions américaines contre l’Iran, un communiqué où ils rappelaient d’une part que l’Iran tenait ses engagements et d’autre part qu’il fallait maintenir ouverts les circuits commerciaux et financiers.
Mais il faut bien reconnaître que le système de troc baptisé Instex et mis en place par les Européens pour commercer avec l’Iran couvre essentiellement les échanges de médicaments, de nourriture, voire l’aide humanitaire.
Depuis le retrait des Etats-Unis de l’accord de Vienne il y a un an, les Européens n’ont pas réussi à garantir les flux commerciaux et on voit mal pour l’instant quelle sera leur capacité d’action puisque par exemple le système Instex, annoncé en janvier, n’est toujours pas entré en vigueur.
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