PAKISTAN - Enquête sur l’assassinat de Bhutto : un suspect de 15 ans arrêté

ISLAMABAD (AFP) - La police pakistanaise a arrêté un adolescent soupçonné d’avoir fait partie du complot qui visait à assassiner l’opposante Benazir Bhutto, tuée en décembre dans un attentat près d’Islamabad, ont annoncé samedi des responsables des services de sécurité.

L’adolescent, âgé de 15 ans, a expliqué qu’il faisait partie d’un groupe de trois porteurs de bombes chargés de tuer Benazir Bhutto si l’attaque menée par deux autres hommes, qui lui a coûté la vie le 27 décembre à Rawalpindi, avait échoué, selon les mêmes sources.

Le suspect a été arrêté vendredi dans la ville de Dera Ismail Khan, dans le nord-ouest du Pakistan, alors qu’il préparait un attentat suicide, ont précisé ces responsables, sous couvert de l’anonymat.

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur Iqbal Cheema, n’a pas confirmé l’arrestation. "Je n’ai pas l’information pour le moment", a-t-il indiqué.

Selon un responsable des services de sécurité, le suspect se trouvait le jour de l’attentat à Rawalpindi. Mais selon un autre, l’homme était au même moment dans une zone tribale du nord-ouest du pays.

Le jeune homme, originaire de Karachi (sud), a été formé l’an passé dans un camp d’entraînement dirigé par l’un des lieutenants du chef de tribu pakistanais Baitullah Mehsud, accusé vendredi par la CIA d’être à l’origine de l’assassinat de Benazir Bhutto et d’autres violences récentes au Pakistan.

Le suspect a indiqué à la police, selon les mêmes sources, que les deux hommes qui ont tué Mme Bhutto se nomment Bilal et Ikramullah, les mêmes noms évoqués par Mehsud dans une conversation avec un autre militant islamiste. Cette conversation téléphonique attribuée à Mehsud avait été rendue publique le lendemain de l’attentat par le ministre de l’Intérieur pakistanais.

Selon l’un des responsables des services de sécurité, le suspect a été arrêté lors d’un contrôle de police, alors qu’il se trouvait dans un taxi. Il arrivait du Waziristan du Nord (bien Nord), une zone tribale du nord-ouest du Pakistan, frontalière avec l’Afghanistan où combattent des islamistes proches d’Al-Qaïda.

Il aurait expliqué à la police qu’il venait prendre livraison d’un dispositif pour mener une attaque suicide contre le consulat américain à Karachi, mais son programme aurait changé en raison des mesures de sécurité renforcées à l’occasion de la fête musulmane de l’Achoura.

A la place, l’homme a expliqué avoir reçu l’ordre de mener une attaque dimanche durant une procession de la minorité chiite.

L’ex-Premier ministre Benazir Bhutto a été tuée à l’issue d’un meeting électoral, lors d’un attentat suicide qui a aussi coûté la vie à 22 personnes.

Un homme, à proximité de la voiture blindée de Mme Bhutto, a fait feu dans sa direction avant que lui-même ou un complice ne fasse exploser la bombe qu’il portait.

Mais une controverse est née sur les causes du décès, le gouvernement affirmant que Mme Bhutto était morte d’un choc de la tête contre le toit ouvrant de la voiture, son parti assurant qu’une balle l’avait atteinte.

Depuis, le président Pervez Musharraf a admis qu’une balle avait pu la toucher et critiqué l’enquête pakistanaise. Le gouvernement a accusé Al-Qaïda mais cette controverse a alimenté les soupçons du camp Bhutto sur une implication du pouvoir ou des services de renseignement dans l’assassinat.

Sollicitée par le président pakistanais, la Grande-Bretagne avait dépêché le 4 janvier cinq experts en antiterrorisme et médecine légale, rejoints ensuite par d’autres collègues de Scotland Yard.

Six des agents de Scotland Yard sont rentrés à Londres le 14 janvier avec des indices collectés en dix jours d’enquête.

Quatre autres enquêteurs de la célèbre unité de la police criminelle britannique devaient rester encore quelques jours sur place pour épauler les autorités pakistanaises.