La justice pakistanaise a annulé lundi la condamnation à mort par contumace de l'ex-président et général Pervez Musharraf, arguant que la cour spéciale l'ayant déclaré coupable de trahison était inconstitutionnelle, a appris l'AFP auprès d'un procureur en charge de l'affaire.
"Le dépôt de la plainte, la constitution du tribunal, la sélection de l'équipe de l'accusation sont illégaux. (...) Le jugement complet a été annulé", a déclaré à l'AFP le procureur Ishtiaq A Khan, qui défendait le gouvernement pakistanais devant la Haute cour de Lahore (Est).
Azhar Siddique, un avocat de l'ex-général, a confirmé à des journalistes devant ce tribunal que la justice avait "tout annulé". Le parquet peut choisir de poursuivre à nouveau l'ancien chef de l'État, encore accusé dans plusieurs autres affaires, avec l'aval du gouvernement pakistanais.
Le 17 décembre dernier, un tribunal spécial l'avait condamné à la peine de mort par contumace pour "haute trahison" pour avoir instauré l'état d'urgence dans le pays en 2007.
Les termes très crus du jugement ("s'il est trouvé mort, son cadavre (sera) traîné jusqu'à Islamabad et pendu pendant trois jours") avaient provoqué une vive polémique dans le pays et la colère de la puissante armée, qui a dirigé le Pakistan près de la moitié de son histoire. Le procureur général Anwar Mansoor Khan, nommé par le gouvernement, avait de son côté rapidement déclaré qu'un tel jugement "inconstitutionnel, contraire à l'éthique et illégal", serait "contesté".
“Vendetta”
En exil à Dubaï, Pervez Musharraf avait lui dénoncé une "vendetta personnelle". Il était apparu dans un vidéo depuis un lit d'hôpital, l'air frêle et peinant à parler.
Personnage central de la vie politique pakistanaise, Pervez Musharraf était parvenu au pouvoir par un coup d'Etat sans effusion de sang en octobre 1999, avant de s'autoproclamer président en juin 2001 et de remporter en avril 2002 un référendum controversé.
Un allié des États-Unis
Le 3 novembre 2017, il avait invoqué la défense de l'unité nationale face au terrorisme islamiste et l'opposition de la Cour suprême, qui devait se prononcer sur la légalité de sa réélection un mois plus tôt, pour suspendre la Constitution. La mesure, très impopulaire, avait fini par causer sa chute en 2008.
Fumeur de cigares et buveur de whisky, le général Musharraf, vu comme un modéré, est devenu un allié clé des États-Unis dans la "guerre contre le terrorisme" après les attentats du 11 septembre. Il a échappé à au moins trois tentatives d'assassinat d'Al-Qaïda au cours de ses neuf années de mandat.
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