La Guinée-Conakry élit son président de la République dimanche prochain. Sa forte communauté vivant au Sénégal se mobilise pour participer au « changement ». A travers une campagne d’affiche, nombre de candidats en lice ont dévoilé leur projet de société dans les rues de Dakar.
Le Sénégal n’est pas en campagne électorale. Mais les rues de Dakar baignent dans une ambiance de campagne : la présidentielle guinéenne.
A l’arrêt bus de Castors, un quartier de Dakar, une photo du leader du Rassemblement du peuple de Guinée, Alpha Condé, est scotché sur un poteau électrique.
Les mains tendues, le candidat à la présidentielle décline une feuille de route et demande à ses compatriotes de lui accorder leurs suffrages. « Avec nos cours d’eau, soyons le cours d’eau de l’Afrique. Ensemble, construisons la Guinée », écrit-il.
A une trentaine de mètres de la station d’essence, une effigie de Cellou Dallein Diallo trône. Vêtu d’un grand boubou bleu, cet autre candidat prône une « Guinée unie et prospère ». Un jeune, vendant des cartes de recharge crédit, scrute la photo avec un air de fierté. « J’ai hâte que le jour du scrutin arrive. Je vais voter », lance-t-il. Un autre jeune poursuit : « Je vais voter pour la première fois. L’élection est cruciale pour les Guinéens ».
Au marché de Castors, acheteurs, marchands ambulants et porteurs de bagages, se disputent le trottoir. Difficile de se frayer un passage, encore moins de décrocher une dizaine de minutes à un jeune guinéen. « Je dois transporter ces bagages près de la route principale. Le propriétaire est impatient », se désole un jeune pourtant très intéressé par l’élection dans son pays. Pour preuve, il touche sa poche droite et lance : « j’ai mon récépissé. Demain, j’irai prendre ma carte d’électeur au stade ».
Non loin de lui, Mamadou Diallo vend du café. Il ne veut surtout pas rater le rendez-vous du dimanche. « Je suis prêt. Pour rien au monde, je ne manquerai à l’appel. Je ferai tout pour accomplir mon devoir civique », promet-il. Le jeune Diallo ajoute : « il est temps que la Guinée décolle. Nous faisons partie des pays les plus riches en Afrique, mais nous sommes l’une des nations les plus en retard ». Notre jeune interlocuteur confie que nombre de Guinéens sont excités de participer à l’élection présidentielle.
La photo d’un des candidats en lice pour l’élection du dimanche est placée sur son chariot. Le sourire aux lèvres, Oury Diallo scande le nom de ce leader. « Nous allons gagner. Si le scrutin se déroule dans la transparence, nous gagnerons. J’en suis sûr ». Son vis-à-vis, Mamadou Alpha Diallo, réplique : « ce n’est pas une affaire familiale. J’ai un parent parmi les prétendants, mais je ne voterai pas pour lui. Je voterai pour le candidat qui a plus de personnalité à travers le monde ». M. Diallo argumente : « il y a des candidats qui ont occupé de hautes fonctions. D’autres sont déjà très riches. Ils n’ont pas besoin de voler l’argent de la Guinée ».
Un petit panier à la main, Mme Bineta Bâ entre dans le marché. Elle est accompagnée par une fille et un garçon. « Quand je prie chaque jour, j’implore Dieu de donner la paix à la Guinée. Nous en avons besoin. Vous avez vous-mêmes remarqué le nombre de Guinéens qui sont actuellement au Sénégal. Pourtant, notre pays a des ressources qui peuvent nous permettre de vivre. Mais il y a trop de problèmes au point que personne ne veut plus y rester ». Se désole-t-elle. Elle ajoute : « nous nourrissons le rêve de voir notre pays changer d’orientation et se diriger vers la paix ». Pourtant, notre interlocutrice ne fait pas partie de ceux qui vont voter dimanche. « Je ne me suis pas fait recenser. Il y a avait beaucoup de bousculades pendant les premiers jours des recensements », explique-t-il. Notre interlocuteur se conforte de la participation de son époux à l’élection. « Il s’est s’inscrit. Sa voix va me prendre en compte », ironise Mme Ba.
Au Point E, à quelques encablures de l’ambassade de Guinée, Mohamed Bâ est devant un étal garni de pommes et de bananes. Même s’il est né à Dakar, il demeure sensible à la situation dans son pays d’origine. « J’ai la nationalité sénégalaise, mais j’ai beaucoup de parents en Guinée. Je souhaite que l’élection se passe dans la paix et la sérénité », déclare-t-il. En face de lui, Abdoulaye Diallo et Mamadou Barry vendent respectivement du café et du pain. Quelques personnes attendent d’être servies. Les deux jeunes Guinéens semblent s’intéresser à nos échanges. « Il faut que la Guinée change. Nous n’avons jamais eu de président. Les gens faisaient ce qu’ils voulaient. Maintenant, il est temps que notre pays choisisse une autre ère », lance Abdoulaye Diallo qui confie avoir déjà retiré sa carte d’électeur. Il poursuit : « le dimanche, j’irai très tôt dans les bureaux de vote pour accomplir mon devoir civique. Je n’ai jamais voté. Cette fois-ci, j’ai aménagé un agenda pour m’inscrire afin de voter ».
Son ami Barry a de petits soucis. « Je risque de ne pas voter. Je n’ai pas vu mon nom sur les listes. Je tenterai pour une dernière fois de vérifier », confie-t-il. Ses craintes peuvent ne pas se réaliser. Avec un récépissé, il pourra accomplir son devoir civique, selon la représentation diplomatique de son pays au Sénégal. Il pourra ainsi se joindre à l’immense espoir que suscite la présidentielle en Guinée-Conakry.
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