Des dizaines de princes, ministres et hommes d'affaires ont été arrêtés en Arabie saoudite lors d'une opération anticorruption.
Il y a quelques semaines, le gratin du business mondial se réunissait sous les chandeliers de ses salles de bal. Aujourd'hui, le palace Ritz-Carlton de Riyad semble s'être transformé en prison... dorée. Onze princes, des hommes d'affaires, des dizaines de ministres, anciens et actuels : en tout, plus de 200 personnes proches des cercles du pouvoir ont été arrêtées le 4 novembre lors d'une vaste purge anticorruption menée par le prince héritier et nouvel homme fort du régime, Mohammed ben Salmane.
Grande purge en Arabie saoudite : princes, ministres et ex-ministres arrêtés
Parmi les suspects de cette affaire de corruption, qui s'élève officiellement à 100 milliards de dollars, figure notamment le prince multimilliardaire Al-Walid ben Talal. Impossible en revanche de savoir combien sont détenus au Ritz-Carlton de la capitale. Depuis une semaine, des voitures de police entourent le complexe hôtelier, et son imposant portail d'entrée reste clos. Sur le site du palace cinq étoiles (qui vante "ses oliviers six fois centenaires, ses jardins paysagers et ses palmiers"), un message indique que "les lignes téléphoniques de l'hôtel sont coupées pour l'instant et jusqu'à nouvel ordre".
(Capture d'écran)
Dimanche dernier, au lendemain de la purge, le procureur général saoudien promettait qu'il n'y aurait pas de traitement spécial pour les personnes interpellées. Mais, ironisent des internautes sur les réseaux sociaux, les suites majestueuses, les corridors aux tons pastels et les statues en bronze du Ritz-Carlton (de 700 à 5.000 euros la nuit) semblent bien loin des prisons traditionnelles réservées au commun des Saoudiens...
(GIUSEPPE CACACE/AFP)
"Evénements imprévus"
Dimanche dernier, la page de réservation en ligne de l'hôtel indiquait qu'il n'y avait aucune disponibilité jusqu'en décembre. Aujourd'hui, le Ritz-Carlton apparaît indisponible deux mois de plus, jusqu'en février 2018. Un homme d'affaires saoudien interrogé par l'AFP devait y organiser un événement ce week-end. Il a été informé que tout était annulé, se voyant adresser le message suivant par l'hôtel :
"En raison d'événements imprévus, l'hôtel a dû héberger une délégation gouvernementale de haut niveau depuis le 4 novembre 2017".
"Désolé, il n'y a aucune chambre disponible pour les dates sélectionnées".
Il y a à peine quelques semaines, le Ritz-Carlton avait accueilli un sommet d'investisseurs pompeusement baptisé le "Davos du désert". Le jeune prince héritier Mohammed ben Salmane, dont l'emprise sur le pouvoir est croissante, y avait présenté d'ambitieux plans de développement économique et promis de favoriser une Arabie saoudite "tolérante" et "modérée", un changement de cap dans ce royaume ultraconservateur qui applique une version rigoriste de l'islam.
Quelques jours plus tard, le 4 novembre, il était nommé à la tête d'une nouvelle commission "anticorruption". Officiellement, aucune information n'a filtré sur la durée de détention des suspects avant une éventuelle inculpation puis un procès.
(GIUSEPPE CACACE/AFP)
Couvertures sur le sol
Une courte vidéo présentée comme tournée à l'intérieur de l'hôtel circule depuis quelques jours sur internet. Elle montre des gens dormant sur le sol couvert de couvertures colorées et surveillés par des gardes armés. Selon le "New York Times", le lieu filmé serait la salle de ball "B", qui servirait de caserne improvisée pour les gardiens.
L'arrestation de membres importants de la famille royale a suscité une onde de peur dans le royaume. Les forces de l'ordre ont bloqué au sol des avions privés, visiblement afin d'empêcher des personnes importantes de quitter le pays, indique à l'AFP une source du secteur de l'aviation. De quoi faire craindre de nouvelles interpellations.
En début de semaine, le président américain Donald Trump a tweeté son soutien sans réserve à ces arrestations : "Ils savent exactement ce qu'ils font. Parmi ceux qu'ils traitent durement, certains saignent leur pays depuis des années !"
I have great confidence in King Salman and the Crown Prince of Saudi Arabia, they know exactly what they are doing....
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 6 novembre 2017
Mais vendredi, son chef de la diplomatie Rex Tillerson disait son "inquiétude". "J'ai parlé au ministre des Affaires étrangères Adel al-Jubeir pour avoir des clarifications, et je pense, sur la base de cette conversation, que l'intention est bonne", déclare le secrétaire d'Etat américain. "Personnellement, je pense que cela soulève quelques inquiétudes tant que l'on n'a pas plus de clarté sur ce qui va arriver à ces individus."
Mais vendredi, son chef de la diplomatie Rex Tillerson disait son "inquiétude". "J'ai parlé au ministre des Affaires étrangères Adel al-Jubeir pour avoir des clarifications, et je pense, sur la base de cette conversation, que l'intention est bonne", déclare le secrétaire d'Etat américain. "Personnellement, je pense que cela soulève quelques inquiétudes tant que l'on n'a pas plus de clarté sur ce qui va arriver à ces individus."
7 Commentaires
Anonyme
En Novembre, 2017 (18:27 PM)Tafa
En Novembre, 2017 (13:11 PM)Tafa
En Novembre, 2017 (13:11 PM)Tafa
En Novembre, 2017 (13:11 PM)Tafa
En Novembre, 2017 (13:11 PM)Tafa
En Novembre, 2017 (13:11 PM)Tafa
En Novembre, 2017 (13:11 PM)Participer à la Discussion