"L'Italie et la Grèce ont sauvé l'honneur de l'Europe en Méditerranée et notre réaction fut trop tardive" dans le cadre de la crise migratoire, "qui n'est pas derrière nous", a affirmé vendredi le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, lors d'un discours sur l'état de l'Union au Palazzo Vecchio, à Florence (Italie). Le président de l'exécutif européen pointe ainsi du doigt le manque d'empressement des États membres à réformer l'actuel système d'asile, dit de Dublin, qui confie presque toujours la responsabilité de traiter une demande d'asile au pays de première entrée dans l'UE, faisant peser une charge démesurée sur la Grèce et l'Italie.
"Nous sommes confronté à la polycrise européenne, et la solidarité s'effiloche. Nous avons vu lors de la crise migratoire que les ressentiments que nous pensions avoir été dépassés, fêtaient une certaine renaissance et mettaient sous les pieds des populistes et nationalistes le matériel dont ceux-ci avaient besoin pour défaire la solidarité, en rejetant les autres et en se détournant de leurs besoins", a lancé M. Juncker.
Plaçant son discours sous le thème de la solidarité, le président de la Commission a défendu sa proposition de budget pluriannuel 2021-2027, qui augmente légèrement la part de la richesse européenne dont l'UE aura besoin pour mener de nouvelles politiques, et est à ses yeux marqué par cette valeur. Il a notamment assuré que les 15,2 milliards d'euros que la Commission propose de loger dans un Fonds européen d'investissement généreront un volume total d'investissement de 650 milliards d'euros sur les prochaines années, soit l'équivalent du "plan Juncker" qui va déjà générer 630 autres milliards d'ici 2022.
Le Luxembourgeois a pressé les Etats-membres à adopter la taxe sur les transactions financières et une taxation des géants du net (GAFA), à mettre en œuvre le socle européen des droits sociaux, ou encore à accepter de prendre les décisions concernant la politique extérieure et de sécurité commune à la majorité qualifiée et non à l'unanimité, afin que l'UE puisse dépasser ses blocages et enfin "jouer un rôle sur la scène internationale".
Jean-Claude Juncker n'ignore pas que plusieurs capitales protestent contre les réductions budgétaires annoncées sur la politique agricole commune et les fonds structurels (politique de cohésion), mais il n'en presse pas moins les États membres à adopter le budget pluriannuel avant les élections européennes (mai 2019), sous peine de ne pouvoir engager certaines politiques.
"Si le budget n'est pas validé avant les élections européennes et que les programmes d'exécution ne peuvent être lancés, il y aura 500.000 jeunes de moins pour Erasmus, et une perte de 7.000 emplois de chercheurs", a-t-il mis en garde.
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Anonyme
En Mai, 2018 (16:33 PM)Participer à la Discussion