Un rapport affirme que la police et les services sociaux de cette ville du nord de l'Angleterre ont manqué à leurs responsabilités envers 1.400 enfants victimes d'abus sexuels.
Le rapport du professeur Alexis Jay, rendu public mardi dernier, révèle une horreur sans nom. Entre 1997 et 2013, 1.400 enfants de Rotherham, une ville du nord de l'Angleterre, auraient été victimes de violences et d'exploitation sexuelles. Dans plus d'un tiers des cas, ces enfants étaient connus des services de protection de l'enfance.
Après la publication du rapport, le maire de Rotherham, Roger Stone, a démissionné :
Après avoir examiné le rapport, je pense qu'il est de mon devoir de prendre la pleine responsabilité des manquements qui y sont décrits si clairement", a-t-il expliqué.
Les 1.400 victimes avaient moins de 16 ans
Les 1.400 victimes avaient toutes moins de 16 ans. Leurs agresseurs, décrits comme "asiatiques", prenaient principalement pour cible les enfants vulnérables de "type caucasien", placés en unités résidentielles par les services sociaux ou dans des services d'hébergement.
Dans son rapport, Alexis Jay explique avoir trouvé des exemples d'enfants qui avaient été aspergés d'essence et menacés d'être brûlés vifs, d'autres furent forcés d'assister à des viols violents.
Ces enfants ont été violentés par de multiples agresseurs, parfois enlevés pour alimenter un trafic dans d'autres villes du nord de l'Angleterre. Des jeunes filles à peine âgées de 11 ans furent violées par un grand nombre d'hommes", raconte l'auteure du rapport.
"Ils restaient les bras croisés"
Une des victimes, Emma, a aujourd'hui 24 ans. Sur la BBC, elle raconte l'enfer qu'elle a vécu dès l'âge de 12 ans. A 13 ans, après de nombreux viols, elle contacte la police.
J'avais gardé tous les vêtements que je portais lorsque j'étais violée et je les ai donnés à la police, mais peu après ils m'ont dit qu'ils les avaient perdus", raconte-t-elle.
"Ils ont dit que c'était ma parole contre celle de mon agresseur et qu'il n'y avait aucune preuve. Ces gens ont pu continuer à vivre en liberté et continuer leur trafic en toute impunité. Mes parents ont aussi contacté les services sociaux concernés, des gens qui auraient dû nous aider, mais ils restaient les bras croisés." Emma a été violentée sexuellement jusqu'à ses 15 ans, quand ses parents ont décidé de déménager à l'étranger.
La police méprisait les victimes
Le rapport met également en exergue que des élus du conseil municipal ont sous-estimé la gravité du problème, et souligne que la police a "considéré un grand nombre de ces victimes avec mépris". Encore plus terrible : la réalité a été ignorée en dépit de trois rapports effectués entre 2002 et 2006 qui "n'auraient pas pu être plus clairs dans la description de la situation àRotherham", ajoute Alexis Jay.
Selon elle, les résultats de la première étude ont été étouffés car les fonctionnaires "ne croyaient pas les chiffres" qui paraissaient exorbitants et exagérés. La municipalité pensait qu'il s'agissait d'un problème ponctuel et de nombreux agents ont "fait part de leur nervosité à identifier les origines ethniques asiatiques des auteurs présumés, de peur de passer pour raciste", selon le rapport. Suite aux présentations des conclusions du Professeur Alexis Jay, la municipalité de Rotherham a présenté dans un communiqué ses "excuses à ceux qui ont été abandonnés alors qu'ils avaient besoin d'aide".
Aujourd'hui, les autorités du South Yorkshire affirment que 29 individus ont été accusés d'exploitation sexuelle sur des enfants de Rotherham. Seulement cinq auraient été condamnés en 2010 lorsque la première affaire a éclaté au grand jour et brisé l'omerta.
1 Commentaires
Tiens
En Août, 2014 (15:52 PM)Participer à la Discussion