Un incident est survenu entre l’équipe de FRANCE 24 en Pologne et un prêtre de Szczecin, dans le nord-est du pays, alors que Gulliver Cragg et son cameraman Tomasz Lubik (photo) l’interrogeaient sur des accusations de pédophilie. Il ne fait pas bon enquêter sur la pédophilie dans l’Église polonaise. Alors qu'ils tentaient d'interroger un prêtre accusé de pédophilie dans la ville de Szczecin, au nord-est de la Pologne, le correspondant de FRANCE 24 Gulliver Cragg et son cameraman Tomasz Lubik ont été violemment pris à partie par leur interlocuteur.La scène se passe dans l’une des pièces du presbytère d'une église de Szczecin. Gulliver Cragg et Tomasz Lubik décident d’aller à la rencontre du curé identifié grâce à un témoignage. Ils trouvent alors le prêtre en pleine célébration de l’office, assisté de deux enfants de chœur. Après la messe, les journalistes de FRANCE 24 demandent au prélat s’il souhaite commenter ces accusations.L’homme d’Église réagit alors avec violence. Affirmant que les journalistes n’ont pas le droit de le filmer, il s'empresse de fermer les portes à clef, empêchant l’équipe de sortir du presbytère. Gulliver Cragg et son caméraman Tomasz Lubik décident alors d’appeler la police mais, ne se sentant pas en sécurité, ils renoncent à attendre l'intervention des forces de l'ordre."Laissez-nous sortir"Les deux journalistes tentent alors de sortir par leurs propres moyens. "Je veux sortir", s’exclame Tomasz Lubik. "C’est un lieu privé !", répond alors le prêtre. "Laissez-nous sortir par l’autre porte alors", insiste encore Gulliver Cragg. Sur les images assez secouées, on voit le prêtre bousculer le caméraman de FRANCE 24 afin de l’empêcher physiquement de sortir. C'est alors qu'il perd ses clefs et que Gulliver Cragg s'en saisit pour ouvrir l'une des portes. "Cours Tomasz, cours !", s’écrie le correspondant de FRANCE 24. Tous deux parviennent alors à s’échapper de l’église.De retour à Varsovie, le porte-parole de l’épiscopat, le père Juzef Kloch, interrogé sur les accusations de pédophilie contre des membres du clergé, affirme qu’il existe une procédure. " L’ecclésiastique est suspendu de ses fonctions. Il ne peut plus être en contact avec les jeunes et une enquête est ouverte", précise-t-il."Ce prêtre continue de travailler avec les enfants"Pourtant, il y a deux ans, Wojiech, co-fondateur de l’association "N’ayez pas peur" dont le but est de soutenir les victimes d’abus sexuels et d’obliger l’Église à réagir, a déposé une plainte contre le diocèse dont dépend le prêtre qui l'avait violé alors qu'il n'avait qur 9 ans. L'évêché a promis d'enquêter mais le prélat n'a pas été suspendu. "Ce qui me dérange, c’est que ce prêtre continue de travailler avec les enfants. Il les prépare à la première communion. Son évêque sait qu’il a commis de tels actes mais ne l’empêche pas de travailler avec les jeunes", déplore Wojiech.La pédophilie dans l’Église reste en effet un sujet tabou en Pologne. Peu de médias enquêtent sur le sujet et la plupart des victimes refusent de parler. Aujourd’hui encore, les fondateurs de l’association préfèrent raconter leur histoire en gardant l’anonymat. "J’ai été violé et je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. J’avais 13 ans et je ne savais même pas ce qu’était le sexe", témoigne une victime au micro de FRANCE 24. "Quand j’en ai parlé à mes parents, il m’ont dit que j’avais tout inventé, raconte de son côté Marek, victime d’un prêtre en 1980. Ils m’ont demandé de partir de chez eux."Ces hommes disent connaître des centaines de cas et accusent l’Église de protéger les prêtres pédophiles. L’association "N’ayez pas peur", la première du genre dans le pays, entend donc changer les choses. "C’est un tournant et un tournant personnel également, souligne Wojciech. Nous avons enfin eu le courage de franchir le cap."
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1 Commentaires
Jane
En Mai, 2013 (13:05 PM)Participer à la Discussion