C'était une promesse de campagne d'Emmanuel Macron: les premières contraventions pour réprimer l'usage de cannabis doivent intervenir d'ici la fin de l'année. Pour autant, pas question pour le gouvernement de rouvrir le débat explosif sur la dépénalisation.
Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a annoncé la mise en place dans les prochains mois de contraventions pour usage de drogue, qui selon la loi de 1970 était passible jusqu'à présent d'un an de prison et 3750 euros d'amende.
"Dégager du temps de travail de nos policiers"
"L'année dernière, 180 000 personnes ont été constatées en infraction d'usage de stupéfiants. En moyenne c'est six heures de procédure pour le policier ou le gendarme, autant pour le magistrat chargé du dossier. In fine il y a eu 20 000 rappels à la loi ou injonctions thérapeutiques. Est-ce que le système est efficace? Non", a expliqué ce vendredi le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner.
"Ce qui compte aujourd'hui c'est d'être efficace, et surtout de désengager du temps de travail de nos policiers et de nos gendarmes pour qu'ils soient plus présents sur des affaires essentielles", a-t-il ajouté. Pour Patrice Ribeiro, du syndicat de policiers Synergie-officiers, "c'est une bonne idée qui tient compte de la réalité".
"Actuellement les procédures pour consommation de cannabis sont vouées à être jetées à la poubelle [...]. La plupart des policiers qui arrêtent un consommateur lui intiment l'ordre de jeter le pétard et laissent la personne partir".
Les policiers pour, les magistrats contre
Favorable à "une simplification des procédures pénales", l'Unsa police salue également la décision, estimant que "les procédures habituelles concernant les usagers (de drogue) se révélaient jusqu'à présent trop lourdes au vu des sanctions pénales, et trop chronophages pour les services de police" et n'avaient de plus "jamais démontré la moindre efficacité en matière de lutte contre les trafics".
Chez les magistrats, cette décision n'est pas aussi bien accueillie. "C'est un serpent de mer, ça revient tous les six mois, et le débat n'évolue pas", estime Virginie Duval, l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire).
"Ça ne va pas changer grand-chose et ça ne va pas désengorger les tribunaux", estime-t-elle. "Il y déjà des alternatives, comme des rappels à la loi", ajoute-t-elle, voyant dans le recours aux contraventions "un choix politique".
2 Commentaires
Anonyme
En Mai, 2017 (19:49 PM)Anonyme
En Mai, 2017 (20:04 PM)Participer à la Discussion