Serigne Mbaye Sy Mansour est le nouveau khalife des tidjanes. Avant lui, six figures de la tidjanya ont assume la charge. Chacun avec son style et son charisme. Découverte.
SERIGNE BABACAR SY (1885-1957) : Le Maître hors norme
Le premier successeur de Mawdo Malick Sy, décédé le 27 juillet 1922, est Serigne Ababacar Sy, l’une des plus sûres valeurs de l’Islam au Sénégal et dans la Ummah, comme en ont attesté la qualité de son enseignement, la diversité et la richesse de ses productions littéraires et philosophiques.
Fils du plus grand propagateur de la Tidianiya en Afrique subsaharienne, Khalifa Ababacar Sy est né en 1885 à Saint-Louis, capitale de l’Afrique occidentale française (Aof) et ville du raffinement et du bon goût.
Maîtrisant la théologie (Fikh) et le droit musulman (Charia), entre autres branches de la religion, Khalifa Ababacar Sy a succédé à son père, à l’âge de 37 ans. En véritable intendant des mystères de Dieu, il ne cessait de retremper les fidèles dans la foi, en s’inspirant du Coran, de la Sunna et des enseignements de la Tidianiya.
Après 35 ans passés à la tête de la communauté tidiane, il est rappelé à Dieu le 25 mars 1957.
SERIGNE ABDOUL AZIZ SY AL AMINE (1927-2017) : L’infatigable missionnaire
La disparition, le 22 septembre 2017, de Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, après seulement six mois de khalifat, est encore fraîche dans la mémoire collective des musulmans sénégalais. Les croyants de notre pays se souviennent de ses thèmes favoris : unicité de Dieu, conformité à la Charia et à la Sunna, union des cœurs et des esprits, cohésion sociale, solidarité nationale.
Le sixième successeur de Mawdo Malick Sy, disparu à l’âge de 89 ans, est un produit de l’université islamique de Tivaouane. Formé dans ce creuset de l’excellence, il en est sorti repu de nourritures spirituelles, surclassant bon nombre de ses contemporains en matière de connaissances, d’enseignements, de générosité et de bienfaisance.
D’une urbanité exquise que l’on ne retrouve que chez ceux qui ont eu un long commerce avec la prestigieuse culture islamique, d’une surprenante érudition qui fait voler en éclats les barrières entre la gnose mystique et la connaissance de ce monde, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine, porte-parole de trois khalifes généraux qui l’ont précédé dans cette charge, fut un exemple de civilité, d’humilité et d’amabilité.
Son bloc-notes était, avant et pendant sa fonction de khalife général des Tidianes, plein de dates pour des conférences qu’il tenait partout où les fidèles interpelaient sa science pour mieux pratiquer leur religion. Bref, il parcourait inlassablement le pays, comme un pâtre, pour y semer la bonne graine.
SERIGNE CHEIKH TIDIANE SY «AL MAKTOUM» (1925-2017) : Au-dessus des éloges
Le rappel à Dieu de Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum, le 16 mars 2017, a été une immense perte pour le Sénégal, à jamais sevré des adresses limpides de ce guide religieux rappelant aux croyants de tous bords que « seul Dieu doit être l’objet de leur adoration et de leur soumission».
De son vivant, le cinquième khalife général des Tidianes ne cessait aussi d’exalter l’amour, l’écoute réciproque et le travail, ces autres formes de dévotion.
Né à Saint-Louis du Sénégal, il a vécu en homme ouvert aux vents fécondants de l’extérieur. Très tôt affranchi du conservatisme ambiant de son époque, il n’en demeurait pas moins un guide imbu de la science islamique. Pendant les cinq années passées à la tête de la communauté tidiane (2012-2017), il n’a fait aucune sortie publique. L’homme est ainsi. D’ailleurs, il n’a pas usurpé son surnom Al Maktoum, c’est-à-dire le mystérieux !
Serigne Cheikh Tidiane Sy parlait peu ; une fois par an, à travers une veillée religieuse que les «Moustarchidines wal Moustarchidaty», dirigés par son fils Moustapha Sy, organisent au champ de courses de Tivaouane. Au cours de cette manifestation très courue, l’homme, à travers les thèmes qu’il développait, faisait étalage de l’étendue de ses connaissances et de toute sa maîtrise du Coran.
Le cinquième khalife général des Tidianes avait touché, un moment, à la politique, en créant le Parti de la solidarité sénégalais. Il était également un homme d’affaires réputé, actionnaire dans une grande cimenterie au Sénégal.
SERIGNE MANSOUR SY «BOROM DAARAJI» (1925-2012) : Un «océan du savoir»
La personnalité et la renommée de Serigne Mouhammadou Mansour Sy, sans oublier la richesse et la qualité de son khalifat qui a duré quinze ans (1997-2012), sont telles que son rappel à Dieu ne pouvait pas ne pas être un évènement national douloureusement ressenti dans un élan sincère et unanime par l’ensemble du peuple musulman.
Partout, les sentiments et les témoignages marqués du sceau de l’affection et de la sincérité sont les mêmes : le Sénégal et la Ummah islamique ont perdu un grand homme, un homme de bien dont l’humilité et la générosité de cœur et d’esprit tout autant que la beauté du style et de la fécondité de la pensée font l’unanimité.
Communément appelé «Borom Daaraji» ou «le Maître hors normes», Serigne Mouhammadou Mansour Sy, disparu le 9 décembre 2012 à l’âge de 87 ans, est ce pédagogue confirmé et ce chantre émérite du prophète Mouhammad (Psl) qu’El Hadj Abdoul Aziz Sy Dabakh a appelé un «océan du savoir». Et pour se faire une idée de la profondeur des connaissances de celui que l’on nommait le «Recteur de l’Université islamique de Tivaouane», il fallait visiter l’homme pendant le Ramadan, un événement-témoin des cours magistraux sur le Coran et ses commentaires des Saintes Ecritures.
Aussi, ce magicien du verbe était-il, pour des centaines de milliers de «talibés-cheikh», un «modèle» en matière de sape car il savait conjuguer- dans le domaine de l’habillement- élégance et raffinement dans une formidable et permanente harmonie.
EL HADJ ABDOUL AZIZ SY «DABAKH» (1904-1997) : Le régulateur social
Par sa présence rassurante et son attachement à la lettre et à l’esprit du Coran et de la Sunna, El Hadji Abdoul Aziz SY a su être à la hauteur des nombreux espoirs en lui placés lorsqu’il accéda au Khalifat. Né en 1904 à Tivaouane, année de l’inauguration de la Grande Mosquée de Tivaouane (signe prémonitoire ou heureux hasard du calendrier) Serigne Abdoul Aziz Sy était le fils de El Hadji Malick Sy et de Sokhna Safiétou Niang.
Il fit ses humanités auprès de Serigne Mouhamadoul Haddy Touré. Plus tard, il parcourut les centres d’excellence du pays pour parfaire sa culture, notamment le Daara de Mbacoumé, en plein cœur du Cayor. A 26 ans, armé d’une solide formation, il partit pour Saint–Louis, naguère haut lieu du savoir et passage obligé pour les férus de «Risâla» et de « Bayân » où il eut comme tuteur Serigne Birahim Diop auprès de qui il resta pendant sept ans.
Fervent partisan de la paix, il s’est toujours investi, s’il n’est pas monté lui–même au créneau, pour prier Dieu de faire en sorte qu’il n’y ait point d’animosité, tout au moins quelque chose qui lui ressemble, entre les habitants de la planète. Après quarante (40) ans, chiffre mythique et ô combien chargé de signification au service de l’Islam et de la Tarikha, Serigne Abdou s’en est allé sur la pointe des pieds le dimanche 14 septembre 1997.
EL HADJ MOUHAMADOU MANSOUR SY (1900-1957) : Le miroir de sagesse
Les centaines de milliers de fidèles qui prennent d’assaut la ville de Tivaouane, pour célébrer l’anniversaire de la naissance du Meilleur de tous (Psl), ne manquent pas de se recueillir au mausolée du Noble El Hadj Mouhamadou Mansour Sy, le deuxième khalife de Mawdo Malick Sy.
Formé par son ascendant, le saint homme, né en 1900, a donc été à la bonne école. Les différents témoignages que des savants musulmans ont faits sur sa vie et son œuvre sont suffisamment éloquents pour attester que l’investissement de El Hadj Mouhamadou Mansour Sy dans le champ de la foi constitue, incontestablement, l’âge d’or de la Tidianiya au Sénégal.
Cette « baraka » procède de sa forte personnalité, de son ouverture d’esprit, de sa générosité de cœur et de bien d’autres qualités qui ont poussé des milliers de fidèles musulmans à le gratifier du titre de «Grand Maître». Quel bel hommage rendu à un grand homme qui, lui, se considérait comme «un simple serviteur de Dieu», consacrant toutes les nuits à la méditation et aux prières dans les cimetières de «Khalkhouss» à Tivaouane.
Aussi, des milliers de talibés convaincus de l’authenticité du chapelet de miracles réalisés par El Hadj Mouhamadou Mansour Sy, se mettent-ils à toujours honorer, avec tout le recueillement et la dévotion voulus, la mémoire de ce guide spirituel dont les écrits littéraires et philosophiques sont d’une valeur inestimable.
Le rappel à Dieu du vénéré El Hadj Mouhamadou Mansour Sy, survenu le 29 mars 1957, c’est-à-dire quatre jours après celui de Khalifa Ababacar Sy, le premier successeur du Mawdo Malick avait fortement secoué la communauté musulmane nationale en général, la confrérie tidiane en particulier.
7 Commentaires
Anonyme
En Novembre, 2017 (18:38 PM)Anonyme
En Novembre, 2017 (02:26 AM)Anonyme
En Novembre, 2017 (02:26 AM)Makonen
En Novembre, 2017 (03:37 AM)Anonyme
En Novembre, 2017 (08:48 AM)Anonyme
En Novembre, 2017 (08:49 AM)Deug
En Novembre, 2017 (09:21 AM)Participer à la Discussion