Le décompte macabre des victimes du coronavirus se poursuit. Parmi elles, un ressortissant camerounais qui a été contaminé en Chine depuis quelques jours. Pavel Daryl Kem Senou, un jeune étudiant de 21 ans inscrit à l’Université de Yangtsé en Chine, est interné dans un l’hôpital de Jengzhou à la suite d’une infection au coronavirus. Il devient ainsi la première victime camerounaise de cette maladie qui affecte pour l’instant plus de 20.000 personnes et a fait plus de 400 morts en Chine, selon le bilan officiel. Contacté par Sputnik, le jeune homme, résidant en Chine depuis deux ans, nous confie que sa «situation est stable».
«Je me sens de mieux en mieux, même si j’ai encore un problème au niveau des poumons. Les médecins s’occupent bien de moi», nous a-t-il précisé. Des Camerounais en détresse
En réaction à cette épidémie, plusieurs pays ont annoncé des mesures de précaution sanitaires supplémentaires ainsi que des plans d’évacuation de leurs ressortissants. Mais côté camerounais, les étudiants et travailleurs vivant en Chine se disent délaissés. Ils ont lancé un cri d’alerte en direction des autorités de Yaoundé pour signaler leur inquiétude.
Dans une lettre adressée à Paul Biya datant du 29 janvier dernier, et qui n’a pas été authentifiée par Sputnik, les ressortissants camerounais installés à Wuhan sollicitent une assistance urgente après avoir fait face, disent-ils, à «l’abandon de l’ambassade du Cameroun en Chine».
Un cri de détresse fortement relayé dans le pays. Répondant à un internaute le 1er février, au lendemain de la publication de cette lettre, le ministre de la Santé publique Manaouda Malachie s’est voulu rassurant, annonçant que «la communauté camerounaise de Wuhan, en majorité estudiantine, est sous l'encadrement» de l’ambassade et «qu'aucun Camerounais résidant en Chine n'a sollicité un rapatriement».
Contacté par Sputnik pour en savoir plus sur la situation de ces ressortissants, le ministère des Relations extérieures n’a pas encore donné suite à notre demande. Entre-temps, de multiples appels à assistance des membres de la communauté camerounaise en Chine continuent d’être enregistrés. Dans un autre témoignage alarmant relayé sur les réseaux sociaux, Murielle Tanekam, étudiante camerounaise à l’Hubei University of Chinese Medicine, appelle à l’aide.
Un appel au secours resté jusqu’ici sans suite. Face au mutisme des autorités de Yaoundé, les ressortissants camerounais ont pris l’initiative de se serrer les coudes en attendant. Des mouvements de solidarité se mettent en place, comme nous confie Brice Nang, étudiant camerounais en Chine.
«Nous organisons des quêtes pour venir en aide à nos compatriotes de Wuhan. Ils n’ont plus beaucoup de vivres par exemple et les coûts ont considérablement augmenté dans les supermarchés. Certains n’ont pas de masques sanitaires et sont donc obligés de rester enfermés. Nous leur venons en aide dans la mesure de nos moyens», relate-t-il au micro de Sputnik.
Choqué par ce silence accablant des autorités camerounaises, un collectif dénommé «Bring Back our Children» a été créé à Douala par des parents d’étudiants camerounais de Wuhan. Il entend mettre la pression sur les gouvernants pour «mettre à l’abri ces enfants (…), à défaut d’un rapatriement comme le font les autres gouvernements», ont-ils précisé dans une note à la presse.
Plusieurs témoignages similaires de ressortissants africains en Chine se multiplient sur la toile, appelant pour certains à leur rapatriement. Cependant, la mesure est difficilement envisageable car cela requiert un dispositif hors de portée pour certains pays du continent.
Pendant ce temps, la maladie continue de gagner du terrain. L'OMS a classé l'épidémie comme une «urgence de santé publique de portée internationale» et de nombreux pays, parmi lesquels le Cameroun, par l’entremise du ministre de la Santé, ont annoncé des mesures de sécurité. D’après ce dernier, le Cameroun a les moyens techniques et humains pour riposter face à la maladie.
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