En signant pour un nouveau défi en Bundesliga avec le Bayern Munich après six ans chez les Reds, Sadio Mané laisse une marque indélébile dans l'histoire de Liverpool, sur et en dehors du terrain.
"Il quitte Anfield accompagné des meilleurs vœux de tous, et avec la collection complète, Premier League, Ligue des Champions, Mondial des clubs, Supercoupe d'Europe, Coupe d'Angleterre et Coupe de la Ligue. En 269 apparitions, il a apporté 120 buts, 38 passes décisives et un nombre incalculable de sourires et de médailles": le club de la Mersey a rendu un hommage aussi vibrant qu'ému à son attaquant. Son arrivée en provenance de Southampton, en juillet 2016, a été un tournant pour le joueur comme pour le club. Pour Mané, fils de l'imam d'un village de Casamance, c'était l'apogée d'une trajectoire patiente et parfois douloureuse pour atteindre le plus haut niveau. Le football était vite devenu plus qu'une passion: une ambition et une échappatoire face à un destin tout tracé.
"Au village, tu vas être cultivateur, il n'y a pas d'autre boulot à faire. Mon rêve de gamin, c'était d'écrire l'histoire et de gagner tous les trophées", avait-il raconté dans un documentaire de Rakuten TV "Sadio Mané: made in Senegal". Repéré par Metz, dans un club partenaire de Dakar, où il s'était exilé à 400 km de son village natal, il rejoint le Vieux Continent en plein hiver lorrain, début 2011. "Il faisait des trucs exceptionnels, il avait de la générosité et une positive attitude. Sa technique et sa capacité à éliminer étaient ses points forts", avait raconté à l'AFP Olivier Perrin, ancien directeur du centre de formation du club mosellan.
Un transfert qui a changé les Reds
Après quelques mois difficiles, il a fini par faire entrevoir son talent en équipe première, mais la relégation de Metz en National, précipite son transfert vers Salzbourg pour un peu plus de 4 millions d'euros en 2014. Il explose alors très rapidement, ajoutant la rigueur tactique et un jeu de tête presque inexistant à ses aptitudes, avec une soif de progression constante. "Il est en perpétuelle recherche d'amélioration. S'il n'a pas été bon, il va revoir son match pour voir comment devenir meilleur. Il a une capacité à se remettre en question et ça, tout le monde ne l'a pas", a encore souligné son formateur. En 2014, c'est la prestigieuse Premier League qui l'attire avec Southampton et deux ans plus tard, il devient le deuxième transfert le plus élevé de l'histoire des Reds, à l'époque, pour 37 millions de Livres (43 M EUR).
Un an après l'arrivée de Roberto Firmino et un an avant celle de Mohamed Salah, suivis des venues décisives de Virgil van Dijk en défense puis du gardien de but brésilien, Alisson, il fait partie de ces transferts qui ont remis Liverpool au sommet de l'Europe en 2019 et de l'Angleterre en 2020, après trois décennies de disette en championnat. Sa relation avec Salah, à qui il a dû céder le côté droit de l'attaque pour s'exiler à gauche, a souvent été l'objet de commentaires divers, l’Égyptien donnant parfois l'impression de voler la vedette au Sénégalais.
Discipline quasi-monastique
Mais son sérieux, sa détermination et sa générosité ont toujours été citées en exemple par Jürgen Klopp, qui, en avril, le décrivait comme "une machine". La rigueur, chez Mané, n'est pas un vain mot: sa vie tourne autour de trois pôles: le football, l'entretien de son corps pour être aussi compétitif que possible, et la prière, la religion ayant une place importante mais discrète dans sa vie. En septembre 2018, on le voyait dans une vidéo donner un coup de main pour le nettoyage des toilettes de sa mosquée quelques heures après avoir marqué contre Leicester. Son extrême générosité pour Bambali, son village natal, où il avait inauguré un hôpital qu'il avait financé, en juin 2021, est aussi légendaire.
L'annonce de son départ a provoqué des réactions unanimement attristées des supporters sur les réseaux sociaux, beaucoup le qualifiant de "légende" du club. Mais à 30 ans, après avoir offert la première Coupe d'Afrique des Nations de son histoire au Sénégal, puis un billet pour le Qatar, en transformant deux tirs au buts décisifs, Mané a eu le sentiment d'avoir fait le tour sur les bords de la Mersey. Plutôt que d'attendre un an pour partir libre et malgré le Mondial qui se profile dans cinq mois, il s'est offert un nouveau défi pour la plus grande joie du petit garçon au fond de lui qui rêvait de "gagner tous les trophées".
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