Alors que la Côte d'Ivoire commémore l'attentat de Grand-Bassam, qui a fait 19 morts il y a tout juste un an, le voile commence à se lever sur l'intervention des Forces spéciales ivoiriennes, ce dimanche 13 mars 2016, dans la grande cité balnéaire proche d'Abidjan.
Ce lundi 13 mars, l’heure est au recueillement dans la base principale des Forces spéciales de Côte d’Ivoire à Adiaké (Sud-Est). En présence des familles des défunts, dans la plus stricte confidentialité, les hommes du général Lassina Doumbia avaient prévu de rendre un hommage solennel à leurs frères d’armes morts en opération depuis la création de leur corps en 2011, et en particulier lors de l’attaque terroriste de Grand-Bassam, qui a fait 19 morts il y a tout juste un an.
À l’heure des commémorations, on en sait un peu plus sur les conditions d’intervention de l’unité d’élite de l’armée ivoirienne dans la cité balnéaire proche d’Abidjan, ce dimanche 13 mars 2016. Selon les informations de Jeune Afrique, dès le début de l’attaque sur la plage, le général de division Soumaila Bakayoko, alors chef d’état-major des Armées, alerte le commandant des forces spéciales. Il est environ 12 heures 45.
Le général Doumbia met automatiquement en mouvement l’unité anti-terroriste basée à Cocody-Ambassade (Abidjan), commandée par Kitcha Folwori Sékongo. L’intervention présente de nombreuses difficultés, avec notamment l’absence de renseignement sur le nombre et les positions des terroristes, mais aussi la non-maîtrise de la géographie du terrain.
« Monter à l’assaut d’urgence »
Les unités des forces de sécurité qui étaient en première ligne n’étaient pas allées au contact des terroristes. À leur arrivée, les forces spéciales avec à leur tête le général Doumbia et le commandant Sékongo essaient d’abord de sécuriser le périmètre d’intervention. Si le mode opératoire des terroristes est vite identifié – une tuerie de masse au fusil d’assaut – le nombre des assaillants, lui, ne l’est pas.
La stratégie des forces spéciales les rendait très vulnérables mais elle pouvait réduire le nombre de victimes
« Les hommes du général Lassina Doumbia voulaient monter à l’assaut d’urgence sans informations précises sur l’ennemi. Cette stratégie rendait les forces spéciales très vulnérables mais pouvait réduire le nombre de victimes », explique un conseiller de Alassane Ouattara, qui ajoute que dès que le président a reçu la demande d’intervention transmise par le général Doumbia, il l’a acceptée.
La suite, on la connaît, les forces spéciales ont réussi à neutraliser les trois terroristes mais ont perdu deux hommes. Depuis cette intervention, l’unité d’élite de l’armée ivoirienne a été dotée de moyens supplémentaires et d’équipements de pointe. Elle est montée en puissance dans la sécurisation du pays, notamment pour faciliter l’installation des forces conventionnelles, police, armée et gendarmerie.
En quête de rédemption
Face au péril terroriste, le dispositif national a lui aussi évolué, notamment avec des missions de sécurisation dans le nord du pays tout au long de la frontière avec le Mali et le Burkina Faso, sans oublier celle du sud-ouest, contre les attaques répétées des bandes armées venues du Liberia.
Cependant, lors des mutineries des 6 et 7 février, l’image des forces spéciales a été ternie, même si ces dernières ont décidé de faire amende honorable, comme l’avait annoncé Jeune Afrique. Le 11 mars, ses membres ont ainsi organisé une « opération propreté » à l’hôpital général d’Adiaké et collecté des dons issus de leurs primes tant pour le centre hospitalier que pour la pouponnière de la ville.
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