Ils étaient des milliers, dimanche 16 février, à défiler à Kherrata dans l'est de l'Algérie, à l'occasion du premier anniversaire d'une manifestation inédite dans cette ville contre la candidature à un cinquième mandat de l'ex-président Abdelaziz Bouteflika. Cette manifestation avait alors donné le coup d'envoi à une vague de contestation populaire sans précédent contre le pouvoir – le Hirak –, qui a poussé à la démission le 2 avril 2019 d'Abdelaziz Bouteflika, lâché par l'armée.
Le 16 février 2019, un rassemblement spontané avait réuni des milliers de manifestants contre un nouveau mandat du président Bouteflika, impotent et aphasique, à Kherrata, à 300 km à l'est d'Alger, la première marche à avoir allumé l'étincelle de la fronde qui devait ensuite gagner toute l'Algérie. Le lendemain, le 17 février, une marche similaire a eu lieu à Bordj Bou Arreridj, à 150 km au sud-est d'Alger, et trois jours plus tard, des centaines de personnes ont manifesté à Khenchela dans l'Est algérien également.Kherrata est noire de monde. #Kherrata #Algerie pic.twitter.com/hEmvU0Q5dI
— Mériem Naït Lounis (@meriem_nait_) February 16, 2020
Durant le rassemblement de Khenchela, certains protestataires étaient montés sur le toit de la mairie pour décrocher un portrait géant du chef de l'État qui recouvrait une partie de la façade à côté du drapeau algérien.
Quelques jours plus tard, le 22 février, des millions d'Algériens étaient descendus dans les rues de toutes les grandes villes du pays pour exprimer leur rejet d'un cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika.
"Les Algériens sont tous des frères"
Pour marquer le premier anniversaire de la marche de Kherrata, des milliers de manifestants ont sillonné, dimanche, les rues de la ville aux cris de "Les Algériens sont tous des frères" et en brandissant l'emblème national ou berbère.
Plusieurs figures du Hirak, le mouvement de contestation, parmi lesquelles le vétéran très respecté de la guerre d'indépendance Lakhdar Bouregaa ou encore Samir Benlarbi, un militant actif de la société civile, ont pris part à la manifestation, selon les témoins.
Les manifestants ont appelé à "une période de transition" devant aboutir à un changement de régime.Kherrata aujourd’hui, dimanche 16 février 2020.
— Moncef Ait-Kaci (@Moncefaitkaci) February 16, 2020
Pour rappel, le 1er rassemblement s'est tenu le 16 février 2019, à #Kherrata (#Béjaïa) puis à Alger et dans des dizaines de villes le 22 février, 1er vendredi de marche d'une série ininterrompue et toujours en cours. @DKhelloufi ???? pic.twitter.com/5t7pnSFRkq
Le point de départ de la manifestation de 2019 à Kherrata a été rebaptisé "Place de la Liberté du 16 février 2019". Une stèle y a été érigée.
Le président Abdelmadjid Tebboune, élu le 12 décembre lors d'un scrutin boycotté par la majorité des Algériens, a de nouveau tendu, dimanche, la main à la contestation, lors d'une rencontre entre le gouvernement et les préfets du pays.
"Il y a de cela une année, les citoyens et citoyennes sont sortis dans un Hirak béni pacifique, sous la protection de l'Armée nationale pour revendiquer le changement et rejeter, pacifiquement, l'aventure qui a failli conduire à l'effondrement de l'tat et de ses piliers pour retomber dans la tragédie des années 1990", a-t-il dit en allusion à la "décennie noire" de la guerre civile, selon l'agence APS.
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