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Culture

Boubacar Boris Diop : ’’ Nous ne devons pas faire notre littérature avec l’histoire littéraire des autres’’

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Boubacar Boris Diop : ’’ Nous ne devons pas faire notre littérature avec l’histoire littéraire des autres’’

L’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop a invité jeudi ses confrères du continent à avoir ‘’le courage de partir de rien’’ en tenant compte de l’histoire littéraire de leurs sociétés, leurs contraintes historiques, sociales et faire confiance au verdict de l’Histoire.

 

‘’Nous aussi devons avoir le courage de partir de rien. Nous ne devons pas faire notre littérature avec l’histoire littéraire des autres, mais bien avec la nôtre, avec nos contraintes historiques, économiques, sociales, etc.’’, a dit M. Diop, qui participait, avec le philosophe Souleymane Bachir Diagne, à un débat organisé à la librairie Athéna, dans le cadre du cinquième anniversaire de la structure.

 

‘’Il faut aller son chemin sans trop regarder ni à gauche ni à droite et faire confiance au verdict de l’Histoire. Sinon, il se pourrait que les autres vous tirent en arrière, parfois dans leur propre intérêt, parfois en pensant vous servir’’, a-t-il répondu à une question de Felwine Sarr, qui animait les échanges, sur son choix d’écrire, en 2003, un roman en wolof, ‘’Doomi Golo’’ (Editions Papyrus Afrique).

 

Faisant le lien avec l’histoire de l’évangélisation au Rwanda, où, dit-il, ‘’on est au cœur de la question spirituelle, on est dans la question de la culture’’, Boubacar Boris Diop relève qu’on se retrouve ‘’fâché avec la langue française’’.

 

‘’On se met à écrire en wolof - je dois ajouter que je n’ai jamais dit que je n’écrirais plus en français. Cette expérience-là est extrêmement importante pour moi. Là aussi, ça devient un combat’’, a-t-il poursuivi, précisant qu’il y a ‘’un certain nombre de choses que l’on découvre’’.

 

A ce propos, il a affirmé : ‘’Lorsqu’on écrit dans sa langue maternelle, on écrit avec des mots qu’on entend, on écrit avec des sonorités, avec beaucoup plus de liberté et de décontraction que lorsqu’on écrit dans une langue qui est venue d’ailleurs, avec laquelle on se surveille, où la notion de faute est tellement importante.’’

 

Boubacar Boris Diop a encore dit que ‘’c’est aussi les interlocuteurs qui changent’’. ‘’Lorsque j’écris en wolof, a souligné l’écrivain, les personnes que j’ai en tête n’ont jamais été à l’école, ce sont des gens qui me sont proches. Peut-être ma mère ou mes sœurs qui n’ont jamais mis les pieds dans une école.’’

 

Au sujet de ce débat sur les langues, l’auteur de ‘’Murambi – Le livre des ossements’’ a relevé que ‘’l’Afrique est le seul continent où l’on trouve si normal, pour les auteurs, d’écrire dans des langues que ne comprennent pas les populations’’. ‘’Je crois que c’est quand même une anomalie pour dire le moins.’’

 

‘’La deuxième chose : on va dire qu’il il n’y a pas de lecteur, les gens peuvent acheter des livres en français, en anglais ou en italien. Ma réponse c’est ceci : en fin de compte, lorsqu’on relit l’histoire des littératures de tous les temps et de tous les pays, ce qu’on remarque c’est que ces littératures-là, au départ, naissent pour une minorité et ensuite la société suit en quelque sorte’’, a-t-il rappelé.

 

‘’Il faut poser correctement la question du public’’, a-t-il recommandé. ‘’Ce n’est pas, au fond, a-t-il dit, le public qui détermine l’écriture d’un roman, c’est l’inverse. C’est l’écrivain qui crée le public. Il le crée à partir de rien, il le crée sur la durée. On écrit, il n’y a pas de lecteur au départ – ce qui n’est pas toujours vrai, mais c’est un autre débat.’’

 

D’ailleurs, a précisé Boubacar Boris Diop, il y a des livres qui sont ‘’violemment rejetés par l’establishment littéraire et politique’’. ‘’Qu’est-ce qu’il raconte Rimbaud ? Qu’est-ce qu’il raconte Baudelaire ?’’, s’est interrogé l’écrivain, reprenant des questions de contemporains de ces auteurs français. Avant de reprendre : ‘’Tous ces gens-là ont eu une vie difficile, mais aujourd’hui leurs textes se sont imposés. On peut le dire de Shakespeare, de Dostoïevski et de quelques autres.’’

 

‘’C’est l’écrivain qui crée le public, a-t-il insisté. Celui qui, pour moi, résume le mieux cette idée, c’est encore un romancier français, Stendhal, qui écrit +Le Rouge et le noir+ au 19-ème siècle. On lui demande : mais pourquoi ? Il répond en substance : +lorsque j’écris un roman, je prends un billet de loterie. Et le lot gagnant de ce billet de loterie c’est le fait que je sois encore lu en 1935+. Lui, il a eu son billet gagnant.’’



9 Commentaires

  1. Auteur

    Tangxol

    En Décembre, 2011 (07:37 AM)
    M.Diop! Merci, merci, merci!

    Voilà un discours sensé, comme d'hab! « Oser partir de rien », tout est là! C'est le problème fondamental de notre histoire, notre identité et notre avenir: l'audace de planquer tout ce parasitime linguistique et nous choisir un chemin! Mais c'est connu, les Africains n'ont jamais été fort en Utopie!

    Le problème ce n'est pas faire une littérarure avec l'histoire littéarire des autres, mais la faire avec une langue étrangère! Tout le monde sait que cette situation de langue officielle est absurde! Comment peut-on faire la musique en langue nationale, le cinéma en langue nationale, le théâtre en langue nationale, et vouloir construire une littérature dans une langue étrangère?



    A chaque fois qu'on brandit cette anomalie, on nous ressort le vieux spectre de la division ethnique, comme si on se découpait à la machette avant l'adoption de cette langue! Les francophones sont les plus pathétiques! Ils sont écrasés par un sentimentalisme gaulois qui frise le ridicule! Et, pourtant avec les coupes budgétaires dans les universités françaises, la littérature dite francophone est la premiere à sauter. Dans plusieures universités, ce département disparaît, s'il ait jamais exister!



    Votre exemple M.Diop doit nous servir! Ceux qui ont lu «  doomi Golo » et sa traduction francaise ' « Les petits de la gueunon » vous diront que y a pas photo! L'épisode du Talaatay Nder est juste un exemple extraodirnaire! On entendrait parler Mbarka Dia, en wolof! Et on les sens ces paroles, on sait qu'elle aurait pu les prononcer, on les vit ces instants!



    C'était absurde après cela de mettre le français dans sa bouche!
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  2. Auteur

    Tangxol

    En Décembre, 2011 (07:40 AM)
    Votre exemple M.Diop doit nous servir! Ceux qui ont lu «  doomi Golo » et sa traduction francaise ' « Les petits de la gueunon » vous diront que y a pas photo! L'épisode du Talaatay Nder est juste un exemple extraodirnaire! On entendrait parler Mbarka Dia, en wolof! Et on les sens ces paroles, on sait qu'elle aurait pu les prononcer, on les vit ces instants!



    C'était absurde après cela de mettre le français dans sa bouche!
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    Auteur

    Dièm

    En Décembre, 2011 (11:11 AM)
    il est bon ce Monsieur!

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    Auteur

    Africain Perdu

    En Décembre, 2011 (11:20 AM)
    D'abord, jeter l'islam et le christianisme dehors du sud sahara. Des centaines de millions d'africains sont phagocytés par les croyances et imaginaires d'autres peuples. La plus grande défaite de l Afrique.
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    Auteur

    Boy Hlm

    En Décembre, 2011 (13:00 PM)
    Un grand MONSIEUR ce BORIS  :up: 
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    Auteur

    Diambour

    En Décembre, 2011 (19:08 PM)
    Un exemple a suivre.Merci MR DIOP.
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    Auteur

    Kobe

    En Décembre, 2011 (01:08 AM)
    Much luv daddy
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    Auteur

    N Daama

    En Décembre, 2011 (20:23 PM)
    SENEGALESE DREAM

    Aujourd’hui sur la chaine de télévision le lutteur BALLLA GAYE a renoncé aux millions et à la voiture qui lui ont été donné par l’état. Balla GAYE à déclarer « Au nom de ce peuple le SENEGAL dont je suis une partie intégrante et qui a fait de la lutte traditionnelle Sénégalaise l’organisation la plus importante du monde, indépendante de la politique je refuse cet argent qui pour ma part et selon mon staff irait mieux au paiement de SENEGALAIS travailleurs encore en grève de la faim pour le paiement de leur salaire .Aussi, moi BALLA Gaye je demande à tous mes amis lutteurs de faire de même nous sommes venus après la génération BOUL FALLE but we care about our people our senegalese people. GNOUN gnigui doundeu bou bakh sant yallah wanté dougnu khol gnuy torokhal senegalais thi kaw sen liguey sougnuko défé gnungni thi woorkat yi nagnuy bok té deukeubi tak dou lignu gueueneul»

    Aujourd’hui à Dakar, le grand imam de Dakar Pape Moussa Samb et, L’archevêque de Dakar mon seigneur Theodore Adrien Sarr se sont réunis avec les représentants des Tarikhas Mourrides Tidjanes Layene Niassene, Khadria « Mes FRERES n’oublions pas que nous sommes fréres notre pays traverse depuis quelques années une division organisée. Il est important que nous affirmions à tous les leaders politiques et élites intellectuelles l’unité qui prime au Sénégal. Sunu bokol diné gno bok ADA. gni beugeu gur fune neniuy diar amamna niu meylen ko. Dunu askanu Nar dunu askanou niit ku wekh Ay nityu niul néniu tek thi nek domu senegal. Dinéyu wouté dou takh niu fate MEN wi gnu bok. » A la sortie de cette réunion privée l’imam et l’archevêque ont dit « Bugnu deful won lii euleuk dinegnu lath lutakh arrugnu senegal ak ay domeum.Gnun ay djit nagnu arr liy thiossanu rewmi motakh gnu fallu débat wu “port voile” wala “Jésus Christ” moussu fi am té kunékeu gui don dundeu dinéme gniko fi tambalé dunu ay SENEGALAIS wala dunu ay SENEGALAIS YOU SANTIOU» Nous en tant que représentant des religieux nous nous opposerons à toutes utilisations des religions pour nous diviser. Plus que l’argent nous voulons léguer de la fierté à nos enfants. Ils ont scandé en chœur Dignité ! Dignité ! Senegal ben bop ! Sunuy dom euleuk !

    Cette conscience collective qui s’élève au Sénégal est une chose exceptionnelle encore hier on a cru que le Sénégal perdrait son magnifique littorale aujourd’hui le littorale est lavé de toutes constructions et les fraudeurs qui sont vendeurs et acheteurs ne demandent pas leurs reste. Aujourd’hui l’état s’inquiété des sénégalais de l’extérieur et affirme leur sécurité au sein des pays du monde plus de sénégalais tué comme ce fut le cas en FLORENCE en Italie plus de LAMZAR assassiné en Russie. Plus de pêcheurs guet Ndar maltraités en Mauritanie. Les frontières ne sont plus des portes ouvertes.

    Aujourd’hui l’état sénégalais brille par le simple fait qu’il considéré l’intérêt des sénégalais dans ses moindre démarches et a laissé toute illustration d’extravagance. La première dame Lat - Déguéne -Astou- Charlotte vêtue d’un ensemble Collé SOW ARDO, présidente cette année de SENEGALESE’S INNOVATION SUNU……..

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    Auteur

    De Normandie

    En Décembre, 2011 (20:56 PM)
    merci pour l'article c'est plus intéressant que les torchons qu'on nous sert svt.



    vive la culture
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