Le nom de la Cité industrielle de Brescia est bien connu des Sénégalais. La Résidence Préalpino, immeuble habité exclusivement par des Sénégalais où le mot de passe, c’est la langue Ouoloff. Pour bien s’y intégrer, il faut communiquer par la langue de «Kocc Barma». Ce qui lui donne l'allure d'un immeuble de la « teranga », un endroit situé à une dizaine de kilomètres du centre-ville entre les communes de Bevezzo et Concesio. Plus de 500 personnes occupaient les 108 chambres de l’immeuble, fonctionnant par un système de solidarité et d'entraide. A l’heure actuelle, deux des trois parties de l’immeuble sont fermées. Il s’agit des parties A et C. Les propriétaires de ces appartements ont déjà reçu leurs logements dans d’autres coins de Brescia. Donc, il ne reste que la partie B qui sera fermée dans un bref délai. Notre correspondant en Italie a fait une descente sur le terrain pour recueillir les propos des uns des autres.
À l’entrée, on y trouve des chauffeurs de «Taxis clandos» à la recherche de clients. Juste à gauche, il y a une grande mosquée où se trouve un «tangana» à côté d’une épicerie avec, à l’intérieur, des cabines téléphoniques. Le visiteur trouve à l’intérieur de la maison une gamme de produits allant des tissus basin à quelques produits électroniques en passant par des cassettes vidéo et audio, des chaussures disposées çà et là. A droite, une «dibiterie» et des restaurants.Quatre Sénégalaises assises autour d'un succulent plat de «cebbù jën», dégustent tranquillement leur repas. Des vendeuses de cacahuètes, «sandwichs», «café touba», des cordonniers, des mécaniciens, des tailleurs, des coiffeurs…prennent d’assaut cette maison pour récolter des sous. Un immeuble ressemblant à tout point de vue au marché Colobane. Le commerce est la principale activité dans cette demeure. Le visiteur a l'impression de circuler dans les allées d'un quartier populaire de Dakar comme Yeumbeul, Thiaroye, Niary-Tally, Fass ou Colobane », selon Goorgui Faye, un commerçant dans l’immeuble. Les ambulants passent de temps en temps pour acheter des marchandises. Ils viennent des villes du nord, Cremona, Mantova, Bergamo…Dans les chambres se trouvent des personnes du 3ème âge avec des étalages bourrés de marchandises. Donc avec la décision prise par les autorités de Brescia qui ne pensent qu’à démolir l’immeuble pour que les Sénégalais ne s’y entassent plus, sera un handicap pour les commerçants sénégalais du nord.
«C’est à la fin des années 70 que les Sénégalais ont commencé à fréquenter cet immeuble. Jusqu’au début des années 90, ils vivaient dans cet immeuble avec des toubabs. Une chambre accueillait quinze (15) personnes ou plus avec un «capo» (chef).Tous les nouveaux clandestins, surnommés «daxxaar» sénégalais de l’époque fréquentaient cet immeuble. Les gens s’occupent d’eux pour leur chercher le titre de séjour et du travail. «Tu viens, on te donne des marchandises et tu vas faire l’ambulant dans les places publiques et les bars. A la fin du mois, tu payes le loyer. Quand on est devenu plus nombreux dans cette maison, les Toubabs partaient pour nous libérer la place. De grands artistes, stars et chefs religieux ont séjourné dans la Résidence. Cette maison est tellement importante pour nous Sénégalais. On règle beaucoup de choses là-bas, mais ils ont décidé de la fermer. On n’y peut rien», selon Fadel, un ancien de la Résidence. «Tous les jours, de nombreuses personnes prennent d’assaut cet immeuble pour faire leur business. Les Italiens ne devaient pas fermer la maison », lance un Sénégalais. Son voisin Alassane, ajoute : «ceux qui vivent ici partagent le loyer à la fin du mois, se cotisent pour la nourriture, le paiement de factures d'eau et d'électricité. La maison a été vraiment bénéfique pour nous Sénégalais », explique-t-il. Avant d’ajouter qu’il n’y a que des difficultés à cause des «carabinieri» (gendarmes). Ils effectuent des contrôles systématiques. Certains résidents sans papiers en ont fait les frais», renseigne-t-il.
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