DIALOGUE - Règlement politique de la crise au Tchad : Une rébellion armée sollicite Wade

Le président de la République du Sénégal Abdoulaye Wade est sollicité dans le règlement politique du conflit au Tchad et ses connexions au Soudan par le Front uni pour le changement (Fuc), une rébellion armée tchadienne. Celle-ci par la voix de son porte-parole, Dr Albissaty Saleh Allazan, l’a dit, hier, lors d’un point de presse à Dakar.

Le Front uni pour le changement (Fuc), rébellion armée tchadienne sollicite l’implication du Président sénégalais, Abdoulaye Wade, dans la résolution du conflit qui prévaut au Tchad. Le Fuc souhaite que «le Président Wade s’implique, parraine le dialogue inter-tchadien parce que c’est un homme qui a une certaine expérience dans ce domaine et n’a aucun intérêt à y prendre partie». C’est, d’ailleurs, ce qui justifie la présence au Sénégal du Dr Albissaty Saleh Allazan, porte-parole du Fuc et qui a tenu, hier, un point de presse au siège de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho). Pour l’heure, le mandant du Fuc et ses compagnons n’ont pas encore rencontré le Président sénégalais. Seulement, précise-t-on, des contacts ont été pris avec le ministère des Affaires étrangères, notamment, avec son secrétariat et le directeur de cabinet en l’absence de Cheikh Tidiane Gadio parti à Khartoum.

Cette rébellion armée du Tchad se dit toutefois favorable à un dialogue avec le Président Idriss Déby. Car, si «nous avons pris, aujourd’hui, les armes, c’est parce que le Président Idriss Déby a refusé tout dialogue franc avec le peuple. C’est Déby qui avait bloqué le dialogue (...), mais on est prêt à discuter avec lui».

Ce n’est pas tout, car le Front uni pour le changement veut s’extirper du cloisonnement dans lequel il se trouve. Isolé sur le plan international, le Fuc cherche aussi un appui auprès du Président Wade. «On est isolé sur le plan international et l’on veut que l’Etat du Sénégal nous aide auprès de l’Union africaine et de la Communauté internationale. Si on nous donne la chance de dialoguer, on la prend. Nous ne sommes pas pour la lutte armée, on nous y a contraint», confie Makaïla Nguebla, membre de l’opposition armée du Fuc.

Passé l’objet de sa visite au Sénégal, le Dr Albissaty n’a pas manqué de donner son point de vue sur la crise qui persiste au Darfour et qui a des répercussions au Tchad. Pour le Dr Albissaty, la résolution de la crise au Tchad entraînerait le règlement du conflit voisin du Darfour ce qui veut dire qu’«il faut mettre le focus sur le problème du Tchad». Sans vouloir trop s’immiscer dans le problème soudanais, le porte-parole du Fuc soutient : «J’ai mon problème au Tchad, seulement c’est le Darfour qui fait les exactions et là, ce sont les plus hauts gradés de l’Armée tchadienne qui tuent, pillent. Et, il faut que la Communauté internationale prenne ça au sérieux.» M. Albissaty avoue, toutefois, que la présence des forces de l’Onu au Darfour ne les contente pas même si, par ailleurs, son parti ne les craint. Plutôt, celles-ci gênent leur avancée. «Elles nous empêchent de progresser vers Ndjamena. On n’est pas pour leur présence à moins qu’on en définisse, clairement, les termes.»

Le Front uni pour le changement est une coalition qui regroupe en son sein plusieurs tendances militaires, qui éprouvent aujourd’hui le sentiment d’être sacrifiées sous l’autel du Darfour. C’est clair, pour le Fuc et Albissaty Saleh Allazan, qu’ils «(sont) gouvernés par le Darfour».